Nettoyer les plages, ça sert à quoi ?
Parce que l’écologie, en tant que protection de notre milieu naturel, a été kidnappée par un parti politique excessif, brutal et ridicule, on devrait se méfier, se moquer et rejeter tout ce qui est « écolo ». Ce serait une concession dangereuse à tous les « -ismes » des nouveaux bourgeois bohémiens. Pendant ce temps-là, la nouvelle droite oublie que la raison d’être du conservatisme consiste justement à… conserver ce qui est juste et bon : entre autres, nos terres, notre air, nos océans. Front Populaire, la revue souverainiste de Michel Onfray, a sorti en 2021 un numéro spécial : « Écologies, les leurs et la nôtre ». En 23 articles, elle démonte les contradictions d’une nouvelle religion imposée (par des privilégiés assez détachés des contingences de ce monde) aux agriculteurs, aux petits entrepreneurs, aux gens modestes en général, à qui il faut constamment faire la leçon sur leurs mauvaises habitudes. Pensez donc : ils fument des gitanes, roulent au diésel et mangent des steaks !
Or, un très bon article de Marc Guyon sur l’électorat « gauchiste ou macroniste » chez les Français expatriés, repris par Radio Maudin, décrit finement les mauvaises bonnes-raisons d’un vote à contre-courant des tendances en métropole. La NUPES par exemple, y ferait un bon score par adhésion aux thèses folles d’EELV. Lorsqu’on vit à l’étranger depuis longtemps, on ne peut qu’adhérer à son analyse. Mais, si l’écologisme recouvre bien des hypocrisies, si le carbocentrisme se méprend sur les causes et surtout les solutions au réchauffement/refroidissement/ ponctuel de ces dernières décennies (le poids du lobby de l’industrie du changement climatique derrière les rapports du GIEC aurait déjà pesé 1.500 milliards de $ en 2015) il serait aussi faux de nier la Grande Poubellisation du monde que de prétendre qu’il n’existe pas en Europe de grand remplacement démographique.
Moins visible dans les grandes villes, l’invasion des déchets plastiques saute aux yeux quand on vit en bord de mer. Le réflexe assez immédiat est d’abord de vouloir s’en débarrasser. D’où le succès, surtout à Hong Kong, des nettoyages de plage. Qui les organise, qui y participe et est-ce que ça sert à quelque chose ? Juste des bobos gauchistes qui se donnent bonne conscience ? Des femmes d’expats désœuvrées et macronistes ? Oui et non.
Membre active, bénévole, depuis plusieurs années de Plastic Free Seas, une minuscule ONG montée à Hong Kong par un petit groupe de femmes (eh oui), je suis passée par les trois phases incontournables de tout militantisme : enthousiasme-désillusion-pragmatisme. Je les observe chez tous les participants réguliers de ce sport pas comme les autres. Outre les opérations demandées par des entreprises qui doivent s’acquitter de leur quota annuel de green washing/team building, nous animons chaque week-end des séances dites “communautaires” (oui, encore le vocabulaire bien-pensant obligatoire dans les ONG) pour des groupes de volontaires lambda. Dans ce cas-là, les Hong Kongais viennent souvent en famille, pour une après-midi (deux heures en fait) pendant laquelle ils découvrent l’ampleur du désastre : des centaines de bouteilles et sacs en plastique, de boites de déjeuner en polystyrène, de pailles, de brosses à dents, de masques jetables… Après la collecte, dans une ambiance assez bon-enfant, on procède à un décompte des bouteilles et de leur origine. Surprise : elles ne viennent pas de ces pays voisins (suivez mon regard) un peu jean-foutre qui balanceraient leurs déchets n’importe où (la géopolitique de gestion des déchets, c’est violent). Non, les marques le prouvent : ce sont, à 90%, NOS bouteilles d’eau et de Coca-Fanta-lait de soja… Mais qui sont ces cochons qui ne pensent pas à la mettre à la poubelle ? Vous et moi. Moi et vous. Pas seulement les pêcheurs, accusés de tout virer par-dessus bord. Environ 5, 5 millions de bouteilles en plastique sont déversées chaque jour dans l’une des décharges à ciel ouvert de Hong Kong et s’en envolent ou tombent du camion, ou ont glissé dans le caniveau… Le pourcentage de bouteilles recyclées/ bouteilles consommées est de 28%.
Pour une idée de l’ampleur du problème, de son impact sur la faune et la flore marine, la désoxygénation de l’océan, voir cette page : “Hong Kong’s Plastic Bottle Bill Looks Set For Failure, Here Are 8 Reasons Why”
Et aussi : “Hong Kong’s Plastic Bottle Bill Looks Set For Failure, Here Are 8 Reasons Why”
Pour en revenir aux volontaires… Armés de gants et de sacs poubelles, ils apprennent aussi à repérer, sur une plage apparemment « propre », les microplastiques en lente décomposition sous le sable et dans les buissons. Les premières participations procurent une grande satisfaction : avant; après. Il y a un côté addictif ou thérapeutique à COLLECTER des objets de toutes formes, tailles, couleurs, les décréter indésirables et les ENFERMER dans un sac promis à la destruction. On part fier de soi. C’est la première phase : emballement, enthousiasme. Mais 3 jours plus tard, la même quantité de déchets couvre le sable. C’est la seconde phase : découragement, désillusion. Les volontaires s’éclipsent discrètement. Rares sont ceux qui osent dire : “Mais ça ne sert à rien !”. Ce sont ceux que je préfère. Parce qu’ensuite viennent la discussion ou l’auto-questionnement : alors, que faire ? Et avec eux, la troisième phase, l’engagement personnel (abandonner les emballages à usage unique) “et plus si affinités”. Comme dans tout militantisme.
En quoi est-il important de s’intéresser à ce que l’on considère, chez les sympathisants de mouvements politiques conservateurs, comme un petit sujet ?
1. Parce que c’est un VRAI problème
2. Qui ne doit pas être abandonné à une gauche écolo/hystérique
3. Que notre participation à ce type d’opérations nous permet de rencontrer et dialoguer avec des gens de tous bords politiques.
Fin de la première partie. La seconde : qu’en dites-vous ? Hâte de vous lire.
