Zemmour et les « prénoms » : la fausse bonne idée par excellence

Éric Zemmour vient donc de voir sa condamnation pénale confirmée en appel dans l’affaire dite du « prénom » l’opposant à Hapsatou Sy. L’infraction retenue par la cour d’appel de Paris est celle d’ « injure raciste ».

Or, loin de lâcher l’affaire, non plus sur le terrain judiciaire mais sur le terrain médiatique, Zemmour, comme un chien qui n’en démord pas, et bien dans son style de roquet qui ne lâche jamais rien, a choisi de contre-attaquer et d’en remettre une couche. Ce en pleine campagne des Européennes …

Dans une interview donnée à Causeur (28 mars), Zemmour insiste à nouveau avec force sur le caractère profondément politique de cette thématique : le prénom donné à un enfant est un marqueur d’assimilation à la civilisation française. Ce pourquoi il avait galamment conseillé à Hapsatou Sy de s’appeler « Corinne ». Zemmour ou … l’art de séduire les femmes …

Quels enseignements tirer de la remise sur le tapis de cette histoire des prénoms, que l’on pouvait pourtant croire enterrée par Zemmour lui-même ? Entre autres marqueurs, cette thématique ne lui avait pas vraiment réussi lors des présidentielles de 2022.

Les « prénoms » à la sauce Zemmour, c’est vraiment la fausse bonne idée par excellence.

Attention, il ne s’agit pas une injure raciste selon nous, contrairement à ce qu’en a pensé la justice française. Il n’y a rien de raciste a priori à s’interroger sur les prénoms portés en France.

C’est simplement une mauvaise idée et Zemmour, une fois encore, a tendu des verges pour se faire battre. Tout simplement parce que cette idée est complètement ringarde et dépassée.

Elle est déplacée car Zemmour se croit encore dans une France qui serait celle du film « Les choristes », une France d’antan où, pour choisir le prénom de leur nouveau né, le papa et la maman épluchaient la liste des noms des saints chrétiens dans le calendrier de la Poste … le calendrier avec un petit chat dessus …

Et bien souvent, par tradition filiale, par attachement à l’histoire familiale, on donnait même au petit dernier le prénom du grand-père ou de la grand-tante.

Que l’on s’en réjouisse ou qu’on le déplore, tout ça est bien fini et ne reviendra plus.

Qu’observe-t-on ? À l’exception de l’excellence française qu’illustrent encore des Versailles, des Saint-Cloud ou des Saint-Nom-la Bretèche, ces villages gaulois fortifiés derrière leurs clubs de golf et dans lesquels perdurent encore la tradition des « Hubert » et des « Marie-Chantale », les Français dits de souche n’ont plus qu’une obsession en tête : affubler leur descendance de prénoms tirés de séries américaines (les trop fameux Kevin ou Brandon) ou des prénoms tirés de leurs délires personnels, des prénoms aussi débiles que Covid, Corona, Lockdown, Helium, Tome, Alfa ou Yesaido. Pas très saints du calendrier tout ça …

Et Esteban ou Pablo bien sûr, à la place de Stéphane ou Paul ! Trop français, trop vieux … Stéphane, la chouma ! Paul, la gênance !

Et sur cette base onomastique plus que flexible du grand n’importe quoi, où les Français dits de souche sont les premiers à ne plus rien respecter, à ne pas donner l’exemple, on voudrait encore, à écouter Zemmour, qu’il soit interdit à nos compatriotes d’origine étrangère ou musulmans de donner à leurs enfants des prénoms du pays de leurs origines ou qui sont pour eux, en charge symbolique et religieuse, l’exact équivalent de ce qu’étaient jadis nos prénoms chrétiens ? Il faut être sérieux. Il faut être cohérent. Il faut être juste et équitable.

Et le pire, alors même que cette histoire des prénoms a suscité la risée générale en 2022, à la seule exception peut-être des milieux proches de ceux de Monseigneur Lefebvre, c’est que Zemmour la ressort perpétuellement de son chapeau, comme s’il n’avait toujours pas compris que c’est vraiment une idée à la con. C’est pas possible. C’est pas humain !

Et c’est cela, en définitive, le plus étonnant chez Zemmour: ne jamais reconnaître qu’il a pu se tromper. Et d’emmener gaiement avec lui ses sympathisants et plus généralement les Français patriotes dans le décor …

Daniel Boone, 30 mars 2024