Quentin Cloarec : (Malaisie) “Malgré la diversité des communautés, il y a un respect généralisé entre elles.”

Rencontre avec Quentin Cloarec, conseiller des Français de l’étranger en Malaisie/Brunei.

Pouvez-vous nous décrire brièvement votre parcours et ce qui vous a amené à vivre et travailler en Malaisie ?

En tant qu’ingénieur spécialisé dans le secteur de l’énergie en France, j’ai eu l’opportunité de me rendre en Malaisie grâce à un VIE pour une entreprise française du secteur pétrolier. J’ai occupé le poste de Business Development Manager pour l’Asie, ce qui m’a amené à voyager dans presque tous les pays de cette région pour des raisons professionnelles et personnelles. Après neuf ans passés ici, c’est en Malaisie que je me sens le mieux en termes de qualité de vie et d’équilibre travail-vie personnelle. Actuellement, je suis le directeur de Trees Engineering, une entreprise que j’ai co-fondée. C’est une plateforme de freelance offrant des services d’ingénierie dans le secteur de l’énergie. Nous employons une dizaine de personnes et avons des freelancers travaillant sur place ou à distance dans des pays comme la Malaisie, Singapour, la Chine, l’Indonésie, les Émirats Arabes Unis, la France et la Belgique.

Comment avez-vous trouvé le processus de création d’entreprise en Malaisie par rapport à la France ?

La création de mon entreprise en Malaisie a été grandement facilitée par le soutien de la MFCCI. Ils nous ont aidés dès le début et continuent de nous soutenir dans nos démarches administratives, financières et juridiques. Ils font un travail formidable pour aider les entreprises françaises ici.

Comment percevez-vous l’immigration en Malaisie par rapport à la France, et quelles leçons pensez-vous que la France pourrait tirer de la Malaisie à ce sujet ?

Il est intéressant de constater que la Malaisie, tout comme la France, est un pays riche de sa diversité culturelle avec plusieurs communautés vivant côte à côte. La Malaisie a su développer une politique d’immigration très stricte, qui semble fonctionner efficacement. Chaque métier semble avoir un visa de travail spécifique : mon employée de maison philippine dispose d’un visa de travail pour les employées de maison, et les gardiens de mon condominium qui sont népalais ont un visa de travail pour les gardiens, et il en va de même pour de nombreux autres secteurs, comme la restauration. Malgré la diversité des communautés, il y a un respect généralisé entre elles, qui est essentiel pour maintenir la cohésion sociale. C’est une approche que la France pourrait étudier de plus près, pour s’inspirer de ce qui fonctionne bien en Malaisie en matière de gestion de l’immigration et de coexistence pacifique des différentes communautés.

Comment gérez-vous les défis culturels et linguistiques en tant que Français vivant en Malaisie ?

J’ai commencé à apprendre le bahasa à mon arrivée en Malaisie, mais comme la plupart des gens à Kuala Lumpur parlent anglais, qui est une des langues officielles, la barrière de la langue n’a pas été un problème majeur. En fait, c’est une expérience enrichissante de pouvoir communiquer avec tout le monde, qu’ils parlent anglais, bahasa ou chinois. Pour vous donner un exemple de leur ouverture linguistique, au cinéma, les films en anglais sont toujours en version originale, sous-titrés en bahasa et en chinois. Certaines publicités sont même en chinois, sous-titrées en anglais. C’est une expérience qui peut sembler très étrange pour un Français, mais pour moi, ce n’est pas un défi, c’est un plaisir.

Quelle est votre perspective sur la liberté religieuse en Malaisie, en particulier par rapport à la laïcité en France ?

En tant qu’athée, je trouve que la Malaisie fait preuve de respect envers toutes les communautés religieuses, qu’elles soient islamiques, bouddhistes ou hindoues. Le pays a des jours fériés pour toutes les religions. En France, qui est un pays laïc, nous célébrons encore les fêtes chrétiennes même si les églises sont souvent vides et les mosquées bondées. Je trouve cela intéressant.

https://en.wikipedia.org/wiki/Public_holidays_in_Malaysia

En tant qu’élu, conseiller des Français de l’étranger en Malaisie/Brunei, pourriez-vous nous dire combien de Français y vivent, quels sont leurs profils et leurs problématiques ?

Il y a environ 3000 Français vivant entre la Malaisie et Brunei, la majorité se trouve à Kuala Lumpur. Les profils sont très variés, allant des étudiants aux jeunes ingénieurs, en passant par les restaurateurs et les cadres supérieurs. Par rapport aux autres pays de la région, je trouve que nous rencontrons très peu de problèmes. En ce qui concerne Brunei, qui se trouve sur l’île de Bornéo où il n’y a pas d’ambassade, les Français peuvent avoir des difficultés administratives pour renouveler leur passeport par exemple. Mais même dans ce cas, le processus reste généralement plus rapide qu’en France.

Pour contacter Quentin : cloarec.quentin@gmail.com