Qui était le ministre Jacques-Joseph Corbière (1766-1853), grand protecteur de l’archéologie en Bretagne ?
Initiateur de l’archéologie moderne, l’abbé Rever (1753-1828), professeur de Chateaubriand a adressé une lettre au ministre de l’intérieur de l’époque au sujet d’un modèle réduit d’autel taurobolique du Mont-Dol (situé en baie du Mont-Saint-Michel) qui lui a été remis de sa part où il offre d’envoyer quelques échantillons pour le compléter. On peut dater cette lettre de 1824 : le breton Jacques-Joseph Corbière est alors ministre de l’intérieur.
Il pouvait s’agir du modèle qu’il avait porté à l’Institut en 1814 lors d’un voyage que Marie-François Rever fit à Paris. Le ministre Jacques-Joseph Corbière dut probablement le confier au Musée par la suite. Un petit livre publié en 1923 par l’abbé Descottes réunit un album de photos où se trouve une « reproduction d’un des autels tauroboliques du Mont-Dol » et l’auteur indique qu’il fut « transporté au début du siècle dernier au Musée de Cluny ». L’abbé Descottes qui était alors vicaire de la paroisse fut plus tard, devenu chanoine, président de la Société d’Histoire et d’Archéologie de l’arrondissement de Saint-Malo, à plusieurs reprises. Mais au fond, qui était Jacques-Joseph Corbière ?
Jacques-Joseph Guillaume François Pierre, comte de Corbière, né le 22 mai 1766 à Corps-Nuds (Cornuz-les-Trois-Maries) et mort le 12 janvier 1853 à Rennes.
Fils de Joseph Corbière, avocat au Parlement de Rennes, il fait ses études à la faculté de droit de Rennes, où il obtient sa licence en 1788 et est docteur en droit l’année suivante.
Juge de police à Rennes en 1793, puis commissaire du Directoire près l’administration départementale en 1796, il est élu député le 25 germinal An V. À Paris, il fréquente le club de Clichy où il croise les futurs doctrinaires comme Camille Jordan, Royer-Collard ou encore Louis Becquey. Son mandat s’achève dès le 5 septembre 1797, lors du coup d’État du 18 fructidor an V.
Le 31 décembre 1799, il épouse Anne Marie Esther Delamarre, veuve d’Isaac Le Chapelier, auteur de la loi sur l’interdiction des corporations, qui avait été guillotiné le 22 avril 1794.
Il devient, le 21 mai 1800, membre du conseil général d’Ille-et-Vilaine, dont il sera président quatre ans plus tard (1804-1807), puis à nouveau en 1809-1810, en 1813-1814 et de 1816 à 1822. Il est élu député le 22 août 1815 et siège parmi les ultras. Il est réélu en 1816 et 1817.
Il est nommé en 1817, doyen de la faculté de droit de Rennes, puis devient, le 21 décembre 1820, ministre d’État et président du Conseil royal de l’Instruction publique, dans le cabinet de Richelieu. Avec l’avènement du gouvernement Villèle, dont il était proche, le 14 décembre 1821, il devient ministre de l’Intérieur, poste qu’il occupe pendant plus de six ans (jusqu’au 4 janvier 1828). Le 6 septembre 1822, il signe l’ordonnance qui supprime l’École normale (qui sera rétablie plus tard).
Il est anobli et créé comte en 1822, puis pair de France en 1828. Favorable à l’envoi de troupes pour l’expédition d’Espagne, en 1823, il reçut de Ferdinand VI d’Espagne la Grand-croix de l’ordre de Charles III. Il se retira en 1830, sur sa terre d’Amanlis au milieu de ses livres et de ses collections, où il mourut en 1853. Il fut membre de la Société des bibliophiles français.