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Sébastien : “J’ai appris à aimer de plus en plus mon pays en étant à l’étranger.”

Rencontre avec Sébastien, un Français expatrié au Japon.

Il travaille dans le bar “The Public Stand » où nous organisons un événement ce jeudi 15 juin 2023 ! Meet up in Tokyo ! (Thursday 15 June)

Bonjour Sébastien, pouvez-vous vous présenter en quelques mots, d’où venez-vous en France, et qu’est-ce qui vous a amené au Japon ?

Sébastien 42 ans, originaire de Marseille. Depuis 3 ans et demi je réside de nouveau au Japon plus exactement sur Tokyo. Depuis mon plus jeune âge, j’ai été influencé par les images venues d’Asie (films Hong-kongais, j-pop, manga, anime et jeux vidéos).

J’ai donc décidé de commencer à travailler dès mes 18 ans tout en allant à la fac pour pouvoir réaliser mes rêves et partir au plus vite à Hong-Kong. Depuis ce jour, je n’ai quasiment jamais arrêté de voyager tout en me disant que j’avais envie de vivre à l’étranger pour me tester. Voir si je pouvais réussir à mener une vie normale dans un pays qui n’est pas le mien. Le Japon me semblait l’endroit le plus approprié pour cela.

Pour combien de temps y êtes-vous ? Etes-vous installé à Tokyo de manière « permanente » ou pensez-vous rentrer bientôt en France ?

Pour résumer j’ai donc fait mes études de 2006 à 2009 à Oita (Kyushu) dans une université japonaise. Une super bonne expérience d’ailleurs ! C’était la campagne, donc un style de vie totalement différent de celui de Tokyo, être à la fac au Japon c’est une réelle détente par rapport à nos universités françaises et aussi par rapport à ma vie de « seishain » (équivalent du contrat CDI français) maintenant.

Après cela je suis rentré en France une dizaine d’années et avant mes 40 ans, la folie m’a repris, j’ai tout claqué et je suis reparti ! Un pari gagnant car je me suis marié, un petit mini arrive, mon niveau de japonais a bien augmenté et je suis manager adjoint dans une chaine de bar/boite.

Honnêtement, je ne me vois pas finir ma vie au Japon, je ne suis pas japonais, j’aime mon pays et je suis fier d’être français ! J’ai appris à aimer de plus en plus mon pays en étant à l’étranger. On a tendance à « french basher » à outrance ! Alors oui, tout n’est pas parfait chez nous surtout par rapport à l’insécurité ambiante mais quand on compare le nombre d’heures de travail d’un Japonais moyen, notre système de santé et d’éducation pour moi il n’y a pas photo. On est bien en France.

Pourquoi avez-vous choisi de travailler dans ce bar ? Où est-il, dans quel genre de quartier, et conseillez-vous aux touristes français d’y aller ?

Depuis ma première expérience de vie au Japon, j’ai toujours préféré travailler la nuit. C’est bien moins contraignant qu’un job classique. Il faut dire aussi que les opportunités sont assez limitées je trouve : professeur de français, IT, pâtisserie j’en passe et des meilleures. Bref je n’en voulais pas, je voulais un poste au contact des gens, travailler tout en s’amusant et avec la possibilité d’améliorer mon japonais. C’est en tant que client et en parlant avec un des managers que j’ai atterri dans cette société. Je commençais une semaine après, j’ai été simple « baito » (petit boulot) pendant un an et demi, puis « seishain » pour trois moins après passer manager adjoint. Je suis à ce jour le seul employé étranger de la boite. Une fierté d’un côté mais aussi une belle galère de l’autre. Car forcément le travail à la japonaise n’est malheureusement pas une légende urbaine.

Quels sont les avantages de vivre au Japon, par rapport à la France ?

Les avantages, je n’en vois guère, je prends cela comme une expérience de vie fantastique, une manière de m’améliorer chaque jour en tant qu’homme, que futur papa. J’entraine mon mental au quotidien. Être au Japon est une chance, une chance qui se paie avec de la sueur ! L’option pause-café en terrasse en attendant 18h n’existe pas ici. Mais voilà je l’ai fait je ne regretterais rien sur mon lit de mort et je ne vivrais pas avec des « et si ». Si demain, on me dit rentre en France, aucune fatalité, car pour moi aujourd’hui ce n’est pas où on vit qui compte mais avec qui.

Sur un ton plus léger pendant mes brefs jours de repos j’adore me promener, aller au « onsen » (sources d’eau chaude), manger de bons plats, voyager et geeker. Des plaisirs simples de la vie qui sont aussi une des raisons pour lesquelles je suis ici aujourd’hui.

Qu’est-ce qui vous manque de la France ?

Je vais faire très très court ! La famille, les amis, le bon saucisson, le fromage et le camion de pizza en bas de chez moi à Marseille, tout ça me manque énormément.

Que conseillez-vous aux Français qui souhaitent suivre votre démarche et aller tenter une expérience au Japon ?

Partez, essayez, ne regrettez rien ! N’hésitez pas à faire plusieurs voyages dans l’Asie pour vous faire une idée, pour trouver votre eldorado ! Jetez vous à l’eau en ayant un but précis mais en attendant rien d’un autre coté, en vous disant que ça peut bien se passer comme mal ! Pour moi partir au Japon en ayant l’intention d’y résider sans parler la langue est suicidaire. Il n’y a pas de plan B ici ! Sans sueur rien n’est possible, par contre si on suit les rails, si on se fond à la société, il n’y aura pas de mauvaise surprise. C’est un peu le bon ou le mauvais côté du Japon selon, il faut être un bon soldat.

Dites-vous bien aussi que l’expérience sera forcément différente en étudiant, en résidant et en touriste. Et qu’entre ses rêves, ses fantasmes et la réalité, il y a un mur et ce mur c’est parfois pas si mal de se le prendre ! Lol

Que conseillez-vous au Japonais qui veulent venir en France pour le tourisme ou pour y vivre ?

La France comme le Japon est un pays magnifique, venez, mais faites juste attention à votre porte-monnaie et à où et quand vous vous promenez.

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