Trianon de verdure inspiré de Versailles : au cœur du passé, présent et de l’avenir extraordinaires de la cale Robinson et de l’étang du Pontay
Au commencement était le lait, une protéine à l’immense pouvoir. Sa richesse a fait la notoriété de la laiterie Péré-Lehagre, puis fromagerie Catheline-Aubry et enfin la Société Laitière de Saint-Grégoire. Le lait dans tous ses états constitue un ensemble documentaire exceptionnel qui nous rappelle qu’une histoire d’un siècle et demi peut continuer à s’écrire aujourd’hui, en prenant place dans un urbanisme paysager de verdure, entre science et nature.
La tradition d’implanter une laiterie au sein d’une propriété royale est ancienne : Catherine de Médicis en avait fait installer une dans le parc du château de Fontainebleau, communément appelée la mi-voie. Plus tard, Louis XIV en fait construire une derrière la cour des cigognes de la Ménagerie royale de Versailles, pour sa petite-fille Marie-Adélaïde, duchesse de Bourgogne. Madame de Pompadour en équipe certaines de ses résidences, dont celle de Crécy-Couvé, et érige la consommation de laitages en véritable régime diététique aux vertus médicinales. Jean-Jacques Rousseau, dans La Nouvelle Héloïse, ajoute à la consommation de lait une connotation de pureté morale qui confortera la tendance.
Avec la nostalgie d’une vie plus rustique, dans un décor de nature inspiré par les écrits de Rousseau, le hameau de la Reine constituait un petit paradis dans les dépendances du Trianon . Un lieu champêtre, qui était aussi une exploitation agricole, marquée par l’influence des idées des physiocrates et philosophes des Lumières.
Si la beauté connecte les Grégoriens, le patrimoine laitier peut aider à gommer les erreurs grossières d’urbanisme sous la mandature de Pierre Breteau. Comme au moulin d’Olivet, il existe l’expérience d’un voyage qui nous emmène au cœur de la créativité où le passé, le présent et l’avenir extraordinaires explorent différents lieux, espaces et dimensions collaboratives.
À l’origine, il existe dans les dépendances du Trianon au hameau de la Reine deux laiteries : la « laiterie de préparation », dans laquelle sont produits les crèmes et les fromages.
La Reine vient déguster les produits laitiers dans la seconde laiterie, nommée « laiterie de propreté », sur des tables de marbre blanc veiné disposées autour de la pièce et soutenues par quatorze consoles sculptées. On les lui sert dans des terrines à lait, brocs, tasses ou beurriers en porcelaine, fabriqués dans la manufacture protégée de la Reine, rue Thiroux à Paris. Les sols sont aussi revêtus de marbre bleu et blanc. Afin d’entretenir la fraîcheur de la pièce, un filet d’eau s’écoule dans une rigole centrale et l’on a disposé dans quatre niches des vasques ornées de dauphins sculptés. Les murs sont ornés d’un décor en trompe-l’œil.
La laiterie de propreté est, avec la maison de la Reine, la seule chaumière à être couverte de tuiles, en raison de la fragilité de la voussure à caissons peints. Elle occupe l’emplacement de l’ancienne pêcherie, démolie en 1785, mais sur une plus large emprise. On construit même un petit hangar simplement équipé de deux bancs de pierre, à l’extrémité d’un mur percé de deux arches.
Aux mêmes environs, la tour de Marlborough, édifiée avec l’aspect d’un phare vaguement médiéval, est initialement nommée « tour de la Pêcherie ».
Un petit cours d’eau marque la séparation des maisonnettes à l’usage de la Reine.
Cet univers bucolique, fluvial (et laitier) illustre de nombreuses caractéristiques à imaginer pour entourer le potentiel des espaces verts, de la cale Robinson à l’étang de Pontay. Espaces à réinventer !