Comment la rue de Varenne et ses traditions républicaines accompagnent les grandes transitions depuis 1936
Selon Talleyrand, quand c’est urgent « c’est déjà trop tard ». Prendre des décisions publiques implique de mettre en lumière des activités d’anticipation humaine, de nourrir des processus d’intelligence collective, et enfin de promouvoir et d’augmenter la recherche sur l’étude des futurs.
Situé au 78, rue de Varenne, dans le 7e arrondissement de Paris, le ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire est un temple oublié du volontarisme républicain fondé sur des caractéristiques humaines audacieuses. Il abrite de nombreux trésors humains vivants dans son hôtel de Villeroy. Ce dernier héberge le ministère de l’agriculture depuis 1881. Créé en 1724, ce lieu historique a connu plusieurs vocations, comme le rappelle sur son site internet le ministère de l’agriculture. En 1729, il a accueilli la signature du traité de Séville qui a mis fin à la guerre entre l’Espagne et l’Angleterre.
Parmi ses occupants méconnus, Georges Monnet (1898-1980) a été ministre de l’agriculture sous le Front populaire en 1936 et plus tard le bâtisseur du Salon de l’agriculture. Un historien Choletais a convaincu Stéphane Le Foll, ancien ministre de l’agriculture de préfacer un ouvrage biographique à son initiative : Hommage à un homme politique d’exception oublié de l’Histoire.
Dans cet ouvrage, le lecteur découvre l’évolution d’un engagement mené pendant la période d’entre-deux-guerres vers l’objectif de réformes concrètes et immédiates pour aider les petites et moyennes exploitations. Protagoniste central de cette évolution, Georges Monnet estimait que l’agriculture française devait non seulement nourrir la population, mais également devenir un secteur d’exportation.
Soucieux à ce titre d’encourager l’innovation, son ministère récompensa Théophile Lognoné, fondateur des industries Probiomer lors de la Grande crise de 1936. La prime d’honneur du ministère de l’agriculture lui sera décernée en 1936 notamment pour ses découvertes industrielles en faveur des renforcement calcique des œufs de poule avec des minéraux marins. Par la suite, ses inventions et découvertes majeures concerneront principalement : le calcium organique vivant, le rôle des minéraux marins dans la nutrition-santé mais aussi l’emploi du lithothamne pour le traitement des sols.
L’emploi du lithothamne pour le traitement des sols est relativement peu connu. Celui-ci a trouvé un autre débouché aujourd’hui : il est couramment utilisé pour la fabrication de cosmétique, pour son action sur la reminéralisation des ligaments et des os, également pour soulager, grâce à son PH 8 l’acidité gastrique, les brûlures d’estomac, les ulcères…
Ouvrir le regard, penser l’avenir, ses risques comme ses promesses, c’est tout le sens de la France Design Week et sa thématique 2023 « Vivant. Vivants » déployée dans toute la France et qui s’inscrit pleinement dans son rôle et sa vocation de laboratoire d’idées pour les territoires.
Afin de promouvoir des discussions inclusives et transdisciplinaires sur l’avenir des relations entre agriculteurs et designers, un jus de pommes à l’effigie de Lawrence d’Arabie a été dévoilée avec tous les secrets et le savoir-faire des exploitations arboricoles de Montaillé près de Saint-Calais, laboratoire de l’agrivoltaïsme dans la Sarthe.
Attentif à cette initiative, le ministre de l’agriculture et ancien maire de Marchenoir, Marc Fesneau, a accepté d’accorder son haut patronage pour cette opération « Lawrence d’Arabie dans les vergers », proposée par les représentants de la 4eme génération de descendants de l’inventeur Théophile Lognoné (1895-1974). Ces derniers étaient désireux de nourrir un cycle « Histoire de territoire, Design de demain ».
Alors qu’il était étudiant en archéologie à Magdalen College, University of Oxford, Lawrence d’Arabie, futur aventurier, aviateur, mécanicien et bien plus, a entrepris un tour de France sur les traces de Richard Cœur de Lion et des croisades. Dans le berceau historique des Plantagenêts et de la Reine Bérengère, épouse de Richard Cœur de Lion qui fut Douairière du Mans, les envies de valoriser son périple sont apparus naturelles en particulier pour les acteurs du patrimoine arboricole et cidricole du territoire.
Avec le haut patronage accordé par le ministre de l’agriculture à cette initiative « Lawrence d’Arabie dans les vergers », celle-ci traverse désormais d’autres régions depuis son point de départ dans le Maine jusqu’aux portes de Haute Bretagne avec le concours notamment de l’eclozr & Design Lab Bretagne.
Le périple Lawrence d’Arabie dans les vergers français peut-il continuer vers d’autres oasis de création gourmande ? De la Mayenne à Dol-de-Bretagne (Rouget de Dol) ? De la Normandie au Maine ? Du temple de Lanleff à Tréguier dans les côtes d’Armor ? Du Perche à la Bourgogne-Franche-Comté ?