Préserver des innovations atypiques en 1939-1940
De l’horlogerie, rue de la Paix à l’aviation en temps de guerre, Breguet fut le déposant d’un brevet atypique le 28 février 1939: un « sidéromètre », instrument chronométrique (aéronautique ou marin) affichant le temps sidéral de Greenwich exprimé en degré, minutes et fractions de minutes d’arc. Ce véritable chronomètre était requis pour les calculs préparatoires de détermination d’un point astronomique, à l’usage des aéronefs de grande vitesse
Breguet est le plus ancien horloger de la place Vendôme. La boutique, installée de 1933 à 1970 au numéro 28 en direction de la rue de la Paix, déménage par la suite au numéro 10, puis au numéro 7, puis au numéro 20 à l’angle opposé, avant de s’installer au numéro 6, son emplacement actuel. Elle fait le tour de cette place qui, avant d’être baptisée Vendôme au 18ème siècle, connaît une succession de noms dont « place des Conquêtes » ou « place des Piques ».
La descendance d’Abraham-Louis Breguet se désintéresse peu à peu de l’horlogerie au profit d’autres secteurs tels que l’électricité ou plus tard l’aviation. Louis-Clément, représentant de la troisième génération, cède en 1870 la branche horlogère de l’entreprise à son chef d’atelier Edward Brown. La famille Brown, consciente de l’importance historique de Breguet et du patrimoine qu’elle représente, tiendra les rênes de la Maison durant un siècle.
Brevet du garde-temps sidéral : 28 février 1939
Dès les années trente, Breguet, qui livre toujours des pièces à la Marine (notamment des montres-torpilleurs), devient le fournisseur attitré de l’aéronautique, en développant des compteurs spéciaux répondant aux besoins des avions civils et militaires ; c’est le temps des chronographes de planche de bord pour la jeune compagnie Air France, pour diverses firmes aéronautiques, dont la Société d’aviation Louis-Breguet, et des sidéromètres pour les avions de guerre.
Contexte des années 1930
Au milieu des années 1930, alors que l’Allemagne a entamé son réarmement depuis le début de la décennie, la France est à la traîne. Son aviation ne peut rivaliser avec l’aviation allemande. Une politique de prototypes avait été initiée en France mais les appareils produits ne répondaient pas aux cahiers des charges ambitieux émis par les Services officiels ou ne pouvaient pas être produits en série assez rapidement.
Si bien que ceux-ci étaient déjà obsolètes en entrant en service. Ainsi quand le Front populaire arrive au pouvoir en mai 1936, il décide de nationaliser les deux-tiers de l’industrie aéronautique dans le but de pallier le manque de productivité des constructeurs de l’époque et de rationaliser la production.
Ainsi par la loi de nationalisation du 11 août 1936, le gouvernement français réunit les usines et bureaux d’études des plusieurs entreprises privées au sein de six entreprises d’État (SNCASO, SNCASE, SNCAC, SNCAN, SNCAO, SNCAM).
Créées sous le statut de sociétés anonymes d’économie mixte dont l’État détient deux tiers des actions, elles sont dirigées par un conseil d’administration dont tous les membres sont désignés par l’État et dont le président est Henri de l’Escaille
Les archives du monde du travail (Roubaix) : une base de données à exploiter
Les archives du monde du travail dont le siège est à Roubaix (Nord) dispose d’une base de données importante pour retrouver les volontaires de l’usine d’aviation Breguet qui ont joué un rôle actif au début de la Seconde guerre mondiale, pendant la période 1939-1940.
Fantassin à 19 ans pendant la première guerre mondiale, Théophile Julien Lognoné connut l’enfer de Verdun. Il fut prisonnier à Douaumont, le 4 mars 1916, après avoir brûlé ses dernières cartouches.
En 1940, bien qu’exempté de toutes obligations militaires, en raison de ses charges de famille, Théophile Julien Lognoné fut volontaire à l’usine d’aviation de Bouguenais (au sud de Nantes), en qualité de mécanicien de précision, ce qui lui rappela sa première profession, celle d’horloger exercée à Dol-de-Bretagne, cité fièrement campée sur l’ancien rivage du Mont-Saint-Michel aujourd’hui séparée par un marais.
En quête de nouveaux défis, il avait choisi à la fin de sa vie de reconvertir une usine de nutrition et d’engrais, à base de produits marins, devenue : les industries Probiomer.