De la Briantais au Pérou

C’est le Pérou ! Une expression malouine un peu oubliée… Entre 1840 et 1879, le guano du Pérou engendra d’énormes richesses, car le pays et le Chili voisin détenaient le monopole mondial de ce fertilisant. Cet engrais très efficace, composé d’amas d’excréments d’oiseaux marins ou de chauves-souris, a fait la fortune d’armateurs, négociants et industriels Malouins.


Parmi les pionniers, on compte le grand-père de Guy La Chambre : Charles Émile (1816-1907) dont les comptoirs en Amérique du Sud ont prospéré avec l’importation du guano par le Cap Horn. Et lui ont permis d’acquérir le château de la Briantais.


En 1856, le Congrès des États-Unis adopta le Guano Islands Act, toujours en vigueur au XXIe siècle, qui autorise tout citoyen américain à réclamer, au nom des États-Unis, toute île inhabitée et non revendiquée susceptible de contenir du guano.


Redécouvrir la richesse de ces échanges représente une opportunité pour la cité corsaire de Saint-Malo et son arrière-pays agricole moyennant d’en puiser de nouvelles idées dans la nutrition, le recyclage, l’utilisation d’algues, ou même les innovations en matière de design.


Dans ces domaines, le pavillon Pérou à l’exposition universelle de Dubaï entendait jouer un rôle de boussole créative, avec de la gastronomie expérimentale à base de super aliments, un défilé de kimonos japonais tricotés en laine de lama ou encore la fabrication en temps réel d’un pont Inca tissé chaque année à Cuzco.

Pour façonner le devenir d’une nouvelle génération d’oiseaux migrateurs de l’énergie opérationnelle, il faut s’appuyer sur une forte émulation locale pour décloisonner l’innovation. La valorisation de nouvelles ressources liées à la mer a longtemps rythmé l’économie locale des cités corsaires de Granville et Saint-Malo. Tant de pépites régionales mériteraient d’être étudiées comme par exemple les industries Probiomer, ou encore les industries Calcialiment sans oublier Via Nova Nutrition.

Il existe un vrai laboratoire historique d’économie circulaire nourri par des familles françaises du monde des affaires (industrie, recherche et développement, créations) et du sport de course à la voile (régate).

Pour comprendre le parcours de ces familles, il faut faire un détour par l’histoire des grandes familles de Saint-Malo et de la baie du Mont-Saint-Michel, marquée à la fois par le commerce international, l’engagement social et les responsabilités administratives locales.

Elle partagent à bien des égards des chemins  proches lorsqu’on observe par exemple le fonctionnement des usines Dior dans le négoce puis la fabrication d’engrais naturels. Pionnière de l’importation des guanos du Pérou et de la fabrication du guano dissous, la maison Dior a été aussi la première à vulgariser en France l’emploi des scories de déphosphoration qui sont mélangées à l’acide sulfurique . En 1860, celle-ci avait obtenu le marché de la récolte des boues domestiques de Granville, qu’elle revendait aux agriculteurs une fois transformées et fermentées.

Le Pérou cultive aujourd’hui de nombreux points forts : son adhésion à l’Alliance du Pacifique, à la Communauté andine et à l’Accord global et progressif de partenariat transpacifique ; ses ressources minérales, énergétiques, agricoles et halieutiques (notamment cuivre, or, zinc, combustibles minéraux, poisson, café, thé et épices) ; son faible niveau de la dette publique et enfin l’indépendance de sa banque centrale et ses fortes réserves de change.  Il existe donc pour les européens de belles opportunités de partenariat à imaginer avec ce pays andin qui souhaite réduire sa dépendance aux matières premières et à la demande chinoise.

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