Camp d’éléphants au Cambodge : “Un pays qui oublie son histoire et ses traditions est un pays mutilé”

Cambodge : 5th Airavata Charity Gala, Samedi 18 août 2023

Rencontre avec Pierre-Yves Clais :

Bonjour Pierre-Yves, quel est ce gala, et quel est son objectif ?

Le but du Gala est d’aider à soutenir nos efforts en faveur de la conservation des éléphants et du patrimoine culturel khmer. En effet, le Covid est terminé mais ses effets se font toujours sentir ! Les touristes sont très peu nombreux et les revenus d’Airavata sont limités. Nos hôtels qui soutiennent financièrement la fondation sont dans le même cas, ils souffrent de la mauvaise activité économique !

Mais tout d’abord, il est important de présenter la fondation Airavata et sa philosophie qui diffère radicalement de celles de nombres d’associations impliquées dans la protection des éléphants.

Située dans la province de Ratanakiri, dans l’extrême Nord-Est cambodgien, Airavata est une fondation qui travaille à maintenir le lien plurimillénaire entre l’homme et l’éléphant.

Décrié, sali, caricaturé par certains occidentaux aux motivations parfois aussi idéologiques que financières, ce lien figure pourtant parmi les plus nobles réussites que l’humanité ait pu porter à son actif. Apprivoiser l’éléphant, établir une confiance durable entre un pachyderme de plusieurs tonnes et un humain de quelques kilos c’est tenir le flambeau d’une tradition qui date de 4500 ans !

Camp d’éléphants « nouvelle génération », alternative éthique et responsable au tourisme de masse, Aïravata est un lieu où l’on recherche avant tout l’équilibre. Entre la forêt de Katieng, qui abrite et nourrit nos éléphants, et le centre où nous travaillons quotidiennement avec eux en appliquant de notre mieux les règles établies par « Asian Captive Elephants Standards », nous assurons à nos protégés des conditions de vie saines et naturelles mais aussi une interaction permanente avec les humains basée tant sur la tradition cambodgienne que sur les enseignements des meilleurs experts.

Notre credo est de rendre sa place à l’éléphant, cet animal qui a tant fait pour le Cambodge mais en a quasiment disparu du fait des guerres et du génocide Khmer rouge. Un pays qui oublie son histoire et ses traditions est un pays mutilé ; à notre petite échelle, nous travaillons à soigner ces blessures.

Si nombre d’associations de protection des éléphants découragent toute interaction avec ces animaux, ce n’est pas notre cas, notre approche de la conservation est également culturelle, nous entendons perpétuer ces traditions constitutives de l’âme du pays et continuons d’offrir, parmi d’autres prestations éco touristes, des promenades à dos d’éléphant, dans la mesure où celles-ci sont soigneusement encadrées et où les éléphants évoluent dans leur milieu naturel, la forêt.

Dans une forêt résiduelle située une dizaine de kilomètres au Sud de Banlung, de petits groupes de voyageurs sont accueillis afin de leur faire vivre l’expérience unique de l’interaction avec les derniers éléphants domestiques cambodgiens.

AIRAVATA entend démontrer que « conservation des éléphants » peut aussi rimer avec « patrimoine » et avoir un autre aspect que ces « sanctuaires » s’apparentant bien souvent à des zoos où l’on a banni par idéologie toute interaction avec les éléphants.

D’où vient votre passion pour les éléphants ?

Ma passion actuelle pour les éléphants doit tout au hasard, arrivé au Cambodge en 1992 en tant que membre du bataillon parachutiste français de l’Apronuc, je me suis ensuite consacré aux loisirs nautiques en ouvrant une base de ski nautique sur le Mékong puis j’ai obliqué vers le tourisme, en particulier les treks en jungle parmi les minorités ethniques de Ratanakiri. La forêt cambodgienne ayant gravement souffert du « développement » des années 2000, j’ai alors cessé à regret d’être coureur des bois pour me consacrer à d’autres activités. Aussi, quand une connaissance est venue m’annoncer que les derniers éléphants de Ratanakiri étaient en passe d’être vendus à un pays voisin, mon épouse cambodgienne et moi nous sommes dits qu’il était important de conserver ces animaux à la province. C’est de là que tout est parti.

Ce gala s’adresse-t-il à tout le monde, en particulier nos compatriotes et amis de toute l’Asie qui pourraient prévoir un voyage pour l’occasion ?

Ce gala s’adresse bien entendu à tout le monde, mais en particulier aux gens qui apprécient de voir maintenues les traditions liant les hommes aux animaux.

Comment s’inscrire à ce gala, et comment s’organiser pour y participer ?

Pour y participer, c’est très simple, il suffit de réserver (012214468 / 081770150) et de contribuer un minimum de 50$.

Au programme, cocktail, résumé des activités récentes de la fondation, discours de différents responsables du gouvernement parrainant la fondation, danses traditionnelles khmères, défilé de mode, une démonstration de Bokator (l’art martial angkorien), dîner, des chansons, une vente aux enchères d’œuvres d’art, la projection d’un film, de la danse, etc.

Le programme est clairement placé sous les signes de la culture cambodgienne et de la défense de la nature, car pour nous l’éléphant n’est pas juste un animal, mais le pilier de l’histoire et des traditions khmères.

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