Toujours amoureux de Hong Kong après presque 30 ans
Christian Le Sayec est à Hong Kong depuis bientôt 30 ans. Il nous raconte son parcours et le concept de Powerbrain Rx.
Depuis combien de temps êtes-vous expatrié à Hong Kong, et pourquoi avoir choisi ce de créer Powerbrain ?
Je suis arrivé en Février 1995, je vais donc fêter mes 30 ans à Hong Kong dans un peu plus de 10 mois. J’ai travaillé pour différentes compagnies avant de me lancer dans l’aventure “PowerBrain Rx Ltd” en 2012. Ma femme est née ici et elle a longtemps été enseignante. C’est une “vraie” enseignante: passionnée, dévouée, enthousiaste, chaleureuse et patiente! Elle croit en sa mission d’enseigner et a toujours partagé avec moi ses histoires à l’école, ses succès, ses espoirs mais aussi ses déceptions et limites. En 2012, nous nous sommes retrouvés tous les deux presqu’en même temps a la croisée de chemins professionnels, et PowerBrain est apparu comme une bonne idée, non seulement pour finalement travailler tous les deux ensemble, mais aussi pour contribuer davantage au monde autour de nous – en aidant notamment ces enfants et adultes qui sont confrontés à des soucis d’apprentissage (mémoire, attention/concentration, rapidité de compréhension, organisation, etc…), et tout l’impact que cela peut avoir sur eux-mêmes et sur leurs familles.
Quel est le concept de votre méthode ?
PowerBrain c’est initialement une license américaine d’un modèle cognitif qui existe là-bas depuis plus de 25 ans. Le but du jeu étant d’associer ce que l’on connaît du cerveau et de sa façon de fonctionner -notamment en terme d’apprentissage- et une façon pédagogique de pratiquer cela avec tous les individus engagés dans cette formation, notamment les enfants à partir de 7 ans. Après presque 12 ans de pratique ici, nous avons “localisé” un certain nombre de ces exercices initiaux et élargi notre modèle au moins de 7 ans, avec des enfants aussi jeunes que 4 ans désormais.Toutes nos sessions de formation sont assurées en individuel, donc un élève pour un “trainer”. Pas de groupe. Les sessions durent en général 45 minutes, parfois plus pour certains adolescents. Pour chacune de ces sessions, c’est donc un entraînement cognitif individualisé, en somme un entrainement pour le cerveau et notamment ses fonctions cognitives, comme on peut aller à la gym et suivre un entraînement personnalisé et intensif pour le reste du corps. Chaque accompagnement est basé sur les résultats d’un test cognitif réalisé en début de rencontre avec l’individu. Nous recommandons de venir au moins une fois par semaine, généralement 2 fois par semaine. Certains de nos élèves viennent même 3 fois si nécessaire et si besoin, en début de formation par exemple ou pendant les vacances scolaires. Nous avons une revue formelle des progrès réalisés toutes les 30 sessions, que ce soit donc avec l’adulte qui suit la formation, ou avec les parents de l’enfant. Si tout se passe bien, on continue pour une autre série de 15 ou 30 séances. En moyenne, chaque entraînement dure entre 9 et 12 mois.
Et depuis peu, nous avons même une plateforme digitale! Mon dernier-né en quelque sorte, j’ai travaillé sur ce projet les 6 derniers mois de l’année dernière et les 3 premiers de cette année! Avec cette version online, nous pouvons désormais attirer une population plus adulte, ainsi que des organisations telles que des NGOs, des écoles, des hôpitaux et cliniques, ainsi que des cabinets de ressources humaines.
Qui sont vos élèves / participants ? Y a-t-il des Français ?
En majorité des enfants, de 4 ans à 18 ans. A peu près 75% de locaux, qu”ils soient en écoles locales ou internationales. Nous avons des français tous les ans, oui, même si je ne pense que nous soyons très connus de la communauté française ici. Les gens nous trouvent sur internet, sur les réseaux sociaux et bien sûr grâce au bouche à oreille.
Y a-t-il des méthodes équivalentes en France ? Si non, pensez-vous vous développer en France un jour ?
Ce que je comprends du système français c’est qu’il est en fait très compartimenté, avec beaucoup de spécialités et finalement assez peu de travail de coordination. Mais je ne le connais que très peu, et non je n’ai aucune ambition de développer notre modèle là-bas.
Quel a été l’impact du Covid sur votre activité ?
Plutôt dévastateur évidemment, puisque nous sommes dans l’accompagnement personnalisé d’enfants généralement plutôt fragiles cognitivement et émotionnellement. De plus, ce n’était pas une période facile logistiquement, car nous demandons aux familles d’emmener les enfants dans nos centres. Nous ne nous déplaçons jamais chez les gens et la formule “Zoom” ne marche pas avec notre modèle car nous avons des exercices difficilement pratiques à distance. Pendant ces 3 ans difficiles (2020 – 2022), nous n’avons jamais fermé nos locaux mais évidemment la fréquentation a varié au gré des vagues du virus. La reprise est plutôt difficile, le traumatisme économique et émotionnel est réel pour bon nombre de familles à Hong Kong. On se remet doucement, mais il faudra encore de longs mois pour revenir à une situation plus “normale”.
Comment trouvez-vous l’environnement économique actuel à Hong Kong ? Etes-vous plutôt optimiste, pessimiste ?
Le consensusest que la situation économique reste difficile. Tous les business locaux qui ont survécu le Covid se plaignent d’une reprise lente et a demi-teinte. Et comme c’est plutôt “délicat” en Chine en ce moment, Hong Kong ne peut pas se porter bien, car nous sommes évidemment très connectés à ce qui se passe de l’autre côté de la frontière. Mais Hong Kong en a vu bien d’autres, c’est une ville aux ressources humaines incroyables et je suis toujours résolument optimiste!
Avez-vous des conseils pour ceux qui envisagent de s’expatrier à Hong Kong ?
Hong Kong est en endroit unique sur cette planète, une identité très particulière – fondamentalement chinoise mais avec un héritage économique et structurel anglo-saxon. Donc ne pas s’attendre à retrouver un environnement ni français ni européen, et donc ne pas constamment juger le monde autour de soi avec ses yeux de français. Etre ouverts d’esprit. Les mentalités sont différentes ici, mais cela ne veut surtout pas dire qu’on ne peut pas vivre et travailler ensemble, bien au contraire. Les Hongkongais ne se livrent pas beaucoup personnellement, et il peut être difficile de se faire des amis locaux. Mais ils sont cordiaux et pragmatiques. Et HK, c’est aussi une communauté internationale dynamique de toute façon, on peut rencontrer le monde entier ici, c’est formidable. Il y a donc toujours beaucoup à gagner d’une telle expérience de vie ici, et la grande majorité des gens que je connais qui sont venus vivre à HK et qui sont depuis repartis chez eux (ou ailleurs) en garde toujours un souvenir très fort. Pour ma part, je vais donc fêter bientôt mes 30 ans ici, et je suis toujours (irrémédiablement?) amoureux de cette ville hors du commun!