Philanthropie « à la Française » : que la tradition invente le futur dans le sillage des aventures de Joseph-Georges Lognonec sur le Duc de Choiseul (1765-1766)

Joseph Georges Lognonec a fait la campagne du vaisseau Duc de Choiseul (1765-1766), vaisseau de la Compagnie des Indes armé pour la Chine le 01 février 1765. Ses étapes étaient les suivantes : Lorient – Cadix – Chine – Mascareignes – Ascension – Lorient. Il fut désarmé le 15 juin 1766.

Cette épopée maritime porte en elle le dessein retrouvé d’une grande ambition collective car le duc de Choiseul qui porte le nom du navire éponyme a beaucoup fait pour restaurer la flotte française après la Guerre de Sept Ans. La pagode de Chanteloup, ultime vestige du ministre de Louis XV tombé en disgrâce illustre l’exotisme de la « Folie du duc de Choiseul », miroir architectural  du génie londonien de la pagode de Kew Gardens. 

Fruit d’une coo-pétition intense (mélange paradoxal de compétition et coopération croisées) avec la Perfide Albion, la Guerre de Sept Ans (1756-1763) s’achève avec une lourde défaite française. La Marine française a subi de lourds revers, et n’a plus de flotte digne de ce nom. Les dons de vaisseaux correspondent à des souscriptions des provinces, des villes, des corps constitués ou des individus données à l’État français pour construire des navires de guerre. Ces dons se renouvelèrent à plusieurs reprises, d’abord en 1761-1766 sous Louis XV, puis en 1782-1790 sous Louis XVI et enfin sous la Révolution et l’Empire.

Le contexte du premier don mérite d’être mentionné. À la fin de la guerre de Sept Ans, le secrétaire d’État à la Marine Choiseul fait appel à la générosité des habitants du royaume pour financer la construction de vaisseaux : la flotte française a perdu nombre de ses unités (six vaisseaux à Louisbourg, cinq à Lagos, trois aux Cardinaux et quinze autres de façon isolée) et surtout l’État est très largement endetté.

Tout commence avec la demande en 1761 du duc de Choiseul (alors secrétaire d’État à la Marine) à son ami le comte de la Roche-Aymon (alors archevêque de Narbonne et président des États de Languedoc) de proposer aux délégués du Languedoc « d’offrir à Sa Majesté un vaisseau de ligne de 74 pièces de canon et de donner par cette démarche au reste de la France (…) le signal de ce que peuvent et doivent faire les sujets véritablement dignes du meilleur des maîtres (…). Il n’est point de bon Français qui ne se sente animé du désir de tout sacrifier pour concourir aux efforts du roi et du ministre sage et éclairé pour restaurer la marine française ».

Cet exemple est suivi dès l’année suivante par les États d’autres provinces (Bretagne, Bourgogne, Artois, Flandres…), des villes (Paris, Bordeaux, Montpellier, Marseille, etc.), des institutions (les Postes, les marchands de Paris, les fermiers généraux, les chambres de commerce…) et de simples particuliers. L’émulation, le patriotisme et la fierté font que chaque donateur veut que son vaisseau soit plus grand que celui des autres ; le financement se fait par des emprunts et par des dons.

Encore aujourd’hui, le mécénat se définit comme “le soutien matériel apporté, sans contrepartie directe de la part du bénéficiaire, à une œuvre ou à une personne pour l’exercice d’activités présentant un intérêt général.”

Le développement DES générosités en France et à la construction d’une philanthropie « à la Française » intéressent encore aujourd’hui les pouvoirs publics.

Restons attentifs au legs laissé par le duc de Choisel aux générations futures avec la pagode de Chanteloup également appelée : « Monument dédié à l’Amitié » Que la tradition invente le futur.

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