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“J’ai le sentiment d’avoir été totalement abandonné par mon pays.”

“Je suis expatrié à Phuket depuis 13 ans et je suis marié à une Thaïe. Je dirigeais deux entreprises, l’une dans l’hôtellerie, l’autre dans la fabrication et la distribution de spécialités culinaires françaises.

En 2020, j’ai confié, comme chaque année, le renouvellement de mon visa et de mon permis de travail à Phuket Visa Lawyers, mon cabinet comptable. Somjet, le dirigeant, m’a fait croire que mon visa était accordé, et je n’ai découvert qu’en janvier 2021 que non seulement le visa était un faux, mais que les charges et taxes de ma société n’avaient jamais été reversés. Il m’avait mis de fait en overstay d’un an. J’ai déposé plainte et j’ai averti par écrit l’ambassade de France que mon passeport était séquestré, mais je n’ai jamais eu de réponse. J’ai parlé au consul de Phuket, qui a remonté l’information à l’ambassade. En 2022, l’immigration a promis d’effacer mon overstay si je pouvais fournir un courrier de l’ambassade de France attestant que j’étais un citoyen sans histoires engagé dans des opérations humanitaires. J’en ai fait la demande au consul général Hemmings qui a ignoré ma démarche jusqu’à ce que je commence à faire connaitre l’inaction de l’ambassade sur les réseaux sociaux après de députés et même de l’Elysée, restée muette. À partir de là, il m’a écrit que l’ambassade n’avait pas pour rôle d’intervenir pour quelque raison que ce soit dans les affaires internes de la Thaïlande.

J’ai donc quitté la Thaïlande de mon plein gré en aout 2023 pour éviter une arrestation qui m’aurait mené à dix ans d’exil. J’ai été banni d’office pour cinq ans.

À ce jour, je suis toujours en exil, dans l’impossibilité de voir ma famille. Mon épouse a obtenu début 2024 une remise de peine de deux ans après de multiples actions auprès du gouvernement. Elle continue activement d’œuvrer à mon retour, mais ses contacts thaïs, plutôt bienveillants à l’égard de mon dossier, demandent, pour passer en commission d’annulation au mois d’avril, de fournir un extrait de casier judiciaire certifié par l’ambassade, et un courrier comme celui que je demandais au consul Hemmings. J’ai obtenu l’extrait de casier vierge, mais l’ambassade me demandait de me présenter en personne pour la certification, ce qui, compte tenu de ma situation, est impossible.

Phuket n’a plus de consulat, l’ancien consul étant arrivé en limite d’âge, et le nouveau n’ayant pas encore ses lettres de créances. Je savais qu’une délégation de l’ambassade venait à Phuket pour certifier des documents, j’ai donc demandé que ma femme puisse les rencontrer pour faire certifier le précieux document. On m’a répondu que ce n’était pas possible, que tous rendez-vous étaient occupés. Ma femme, victime d’un AVC, ne pouvait pas se rendre à BKK.

La commission d’avril était ma dernière chance après presque un an et demi sans revoir les miens. J’ai le sentiment d’avoir été totalement abandonné par mon pays.”

Marc Lasnier

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