Erasmus Days : Kevin Lognoné partage son témoignage sur l’importance de la mobilité Erasmus+
Les Erasmus Days se déroulent du 9 au 14 octobre 2023 dans une formule élargie. Grâce aux Maisons de l’Europe et réseaux technopolitains (comme Laval Mayenne Technopole), il existe aujourd’hui de nouvelles possibilités pour des jeunes innovateurs désireux de partir en Erasmus en dehors de l’Union européenne avec un projet entrepreneurial. Plusieurs recommandations et conseils sont partagés dans cette interview témoignage de Kevin Lognoné qui a bénéficié du programme Erasmus pour jeunes entrepreneurs en coopération avec Taïwan. À l’occasion de l’Année Européenne des compétences, des centaines d’événements sont prévus partout dans le monde.
1/ Quels sont les avantages à participer à ce programme par rapport à un jeune qui tenterait de lancer son entreprise directement en France, sans cette expérience ?
C’est un cadre agréable et prestigieux pour acquérir des compétences entrepreneuriales mais aussi très largement interculturelles. C’est cette deuxième composante que je souhaite souligner car elle permet d’apprendre à penser un projet entrepreneurial dans un monde en mouvement.
Dans ce sens, le programme européen EYE GLOBAL désormais ouvert sur l’Asie se veut bâtisseur de ponts, en offrant un environnement d’apprentissage totalement inhabituel.
A ma grande surprise, Taïwan m’a permis de découvrir des jeunes chercheurs et entrepreneurs bien au-delà des communautés sinophones d’outre-mer. Avant d’arriver sur place, je ne m’attendais pas à me poser la question : Qu’est-ce qu’une start-up à Port-au-Prince ?
Pourtant, Taïwan cultive des relations très étroites avec de nombreuses îles comme Haïti, Sainte-Lucie, Saint-Christophe-et-Niévès et Saint-Vincent et les Grenadines mais aussi les Îles Marshall, Nauru, Palaos, Tuvalu. Sans oublier, des pays d’Amérique centrale : Nicaragua, Belize, Paraguay. Au total, 13 nations reconnaissent Taiwan aux Nations unies. J’ai croisé des jeunes innovateurs de ces pays qui étudiaient dans des universités taïwanaises ou même travaillaient dans des usines.
Très vite, ces contacts vous apprennent à cultiver une règle d’or : n’essayez pas de faire mieux que vos concurrents, essayez d’être différents. Vous trouverez toujours quelqu’un qui sera plus intelligent que vous, pas toujours quelqu’un qui aura autant d’imagination que vous.
2/ Quelles étaient les attentes et quelle a été l’expérience en tant que participant à ce programme ?
Sur le terrain, innovation, travers-détroit, international : quatre mots clés qui pourraient résumer les attentes et aspirations qui m’ont poussé à vouloir partir à Taïwan.
Erasmus ne renvoie pas au même imaginaire dans l’esprit que se font les asiatiques du rapprochement entre université et entreprises. Au final, ce décalage culturel est exceptionnel. Dès le départ, j’ai été accueilli comme si j’étais un chercheur qui sortait de la Silicon Valley, avec beaucoup de révérence mais aussi beaucoup d’attentes.
Pour s’intégrer dans l’entreprise, il m’a fallu construire une grande autonomie tout en étant force de proposition permanente. Dans le rapport avec les étrangers, les codes du travail en entreprise sont clairement calqués sur le mode californien. Il faut s’adapter en permanence à la grande flexibilité d’un monde du travail anglo-saxon (marché en tension) et du court-termisme des perspectives de carrière et d’évolution. Comme dans la Silicon Valley, les taïwanais changent de job tous les trois mois.
3/ Aujourd’hui, est-ce que cette expérience vous a permis de faire aboutir un projet d’entreprise ?
La durée de l’échange ne dépasse pas 90 jours. Aussi, l’expérience en tant que telle ne permet pas de faire aboutir un projet d’entreprise mais de se projeter dans le défi de penser et d’agir comme un bâtisseur de ponts.
On apprend à cultiver une intelligence relationnelle avec des partenaires et d’identifier là où il existe des besoins.
Je souhaite revenir à Taïwan pour établir un pont en prévision de la prochaine Exposition universelle d’Osaka qui se déroulera au Japon. Formose et l’archipel nippon sont très liés et complémentaires dans de nombreux projets. Taïwan doit être perçue comme un tremplin entre les cultures chinoise, japonaise, européenne (présence hollandaise et espagnole) mais aussi polynésienne. A noter que les épreuves de surf des Jeux olympiques de Paris 2024 se dérouleront à Tahiti Teahupo’o. Selon plusieurs travaux scientifiques et universitaires, les premiers peuples à coloniser le Triangle polynésien venaient de Taïwan, avant de se mélanger à des populations mélanésiennes.
4/ Est ce qu’il y a un suivi du projet du jeune après le programme Erasmus ?
Le réseau Alumni est le meilleur outil de suivi car il fédère le réseau des anciens participants. C’est un capital de connaissance à entretenir.
5/ Si un jeune nous écoute aujourd’hui et est intéressé par ce programme, auprès de qui doit il effectuer les démarches ?
Il est très utile de se rapprocher du réseau Alumni pour préparer au mieux son intégration dans la destination choisie. Les retours d’expérience sont très utiles pour anticiper les différents besoins sur place.