Abbé Rever, professeur de Chateaubriand

Marie François Rever (1753-1828) fut un archéologue et l’auteur d’un passionnant manuscrit : « Les autels tauroboliques du Mont-Dol : aux origines des observations archéologiques de Chateaubriand / François Rever » conservé au catalogue général de la bibliothèque nationale de France.

Né le 8 avril 1753 à Dol-de-Bretagne et décédé le 12 novembre 1828 à Conteville dans l’Eure, il reste un historien, intellectuel et folkloriste français largement méconnu. Il fut également professeur au collège diocésain de Dol-de-Bretagne, philologue et prêtre avant de devenir maire et membre du Conseil général de l’Eure.

Un passage dans la baie du Mont-Saint-Michel qui a laissé des traces

En 1778, visitant alors en ruine la chapelle de l’Espérance du Mont-Dol, l’abbé Revert découvrit que les tables d’autel étaient en fait deux grandes pierres tauroboliques, vestiges d’un temple païen datant de l’occupation romaine. Les historiens restent toujours partagés sur le culte célébré, Mithra, Cybèle ou peut-être d’autres croyances.

Origine spirituelle Perse ou symbolisme d’une montagne de Phrygie qui fut aussi très populaire en Afrique du Nord phénicienne ?

Sur le sommet du Mont-Dol,  il existait bel et bien une chapelle dédiée à saint Michel ainsi qu’un prieuré. Mais ce qui est intéressant à savoir, c’est que cette chapelle n’était rien moins qu’un ancien temple dont M. Anfray, ingénieur du département d’Ille-et-Vilaine en releva les plans en 1802.

Pour avancer dans cette enquête, un remarquable travail d’écriture a été réalisé par le chercheur Laurent Garreau et l’ancien diplomate Jean-Claude Voisin. Leur récent ouvrage « Le culte de Mithra : du Mont Dol au Mont Saint Michel » publié chez L’Harmattan (collection : L’Iran en transition) fait sans doute appel au plus grand nombre de lecteurs afin de démêler, ensemble, cet écheveau. Et nourrir l’ambition de nouvelles fouilles archéologiques dans la baie du Mont-Saint-Michel, incubateur du dialogue des cultures et des civilisations.

Mais si la présence d’un culte dédié au dieu perse Mithra n’a pu être démontrée, il n’en demeure pas moins que le Mont-Dol fut un haut lieu de la spiritualité, avant une récupération par les promoteurs du sanctuaire du Mont-Saint-Michel, Pippinides puis Carolingiens, dont les motivations furent spirituelles et politiques. L’analogie avec le dieu perse Mithra n’est cependant pas abandonnée, et les auteurs abordent la récupération de son culte par le christianisme en la personne de l’archange Michel, dieu des armées et des frontières, notamment chez les Carolingiens.

Après le Mithraeum de Londres mis en valeur par Bloomberg dans le quartier de la City, l’investigation historique et archéologique du culte de Mithra du Mont-Dol au Mont-Saint-Michel pourrait approfondir un pont avec les sociétés savantes des îles anglo-normandes qui elles aussi entreprise des fouilles et valorisé d’anciens temples sur leur territoire insulaire.

Si la Galerie du temps dans l’enceinte du Louvre à Lens (Hauts-de-France) rappelle l’importance des traces de Mithra et son culte d’origine perse d’Angers à Strasbourg, la richesse de la baie millénaire du Mont-Saint-Michel inscrite parmi les biens du patrimoine mondial de l’Unesco (depuis 1979) méritait d’être explorée.

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