|

12 élus créent un groupe « Les indépendants » à l’Assemblée des Français de l’étranger

Un nouveau groupe d’indépendants à l’Assemblée des Français de l’étranger !

12 élus se séparent de la majorité présidentielle et créent leur groupe « Les Indépendants ».

Réactions :

Ce message circule en boucle chez les élus FDE depuis quelques jours :

“De: Olivier Bertin
Date: 5 février 2023
Objet: Juste une mise au point (suite au communiqué du nouveau groupe “indépendant” à l´AFE)

Cher(e) collègues élu(e),

Vous avez probablement lu le communiqué annonçant la scission du groupe IDP à l´Assemblée des Français de l´étranger. Je souhaite vous présenter mon analyse de la situation en toute honnêteté, sans détour, ni complaisance, et surtout sans rancune.

Tout d´abord, précision préliminaire importante, je veux assurer la plupart de mes collègues conseillers AFE du groupe indépendant de mon amitié et du respect que j´ai pour leur travail à l´AFE. Par ailleurs, même si je dois admettre une grande déception en ce qui concerne les positions récentes d´Olivier Cadic, je dois lui reconnaître de nombreuses qualités.

Les faits

Le groupe IDP était composé de 2 sous-groupes : 16 conseillers appartenant à la majorité présidentielle et 14 conseillers “indépendants”. 12 conseillers du sous-groupe “indépendant” viennent de quitter IDP pour créer un nouveau groupe à l´AFE. Ces 12 conseillers constituent l´écurie sénatoriale Cadic-Del Picchia.

Chronologie

Le 7 octobre 2022, j´ai quitté le sous-groupe des “indépendants”. Le positionnement politique et l´allégeance à Olivier Cadic de ce sous-groupe m´était de plus en plus insupportable. J´avais par ailleurs particulièrement peu apprécié l´absence de réaction et de soutien de ses membres, de sa présidente et d´Olivier Cadic lorsqu´avec Hélène Degryse nous avons dénoncé la participation de Patrick Poivre d´Arvor au jury du grand prix du rayonnement des Français à l´étranger. Grace à notre action soutenue par d´autres élus et Metoo Média, le prix du rayonnement a heureusement été annulé en 2022. J´ai donc annoncé que je quittais le sous- groupe (que je ne considérais plus indépendant) mais que je restais membre d´IDP sans pour autant rejoindre la majorité présidentielle.

Le 18 janvier 2023, Hélène Degryse a annoncé qu´elle n´était plus en phase avec les choix d´Olivier Cadic. Je suppose qu´elle faisait notamment référence à ses positions relatives aux droits humains au Qatar. Elle a quitté le sous-groupe des “indépendants” mais reste à IDP sans non plus rejoindre la majorité présidentielle.

Notre départ du sous-groupe a fortement contrarié ses membres qui ont demandé notre exclusion du groupe IDP. Cette demande n´ayant aucune base raisonnable, la majorité du groupe IDP l´a rejetée. A défaut d´obtenir notre exclusion, les 12 membres du sous-groupe “indépendant” ont quitté IDP et ont l´intention de créer un nouveau groupe à l´AFE. Hélène et moi restons donc à IDP et continuons de représenter les indépendants au sein de ce groupe.


Petites manœuvres

Robert Del Picchia, sénateur des Français de l´étranger de 1998 à 2021, a pour objectif de faire élire son ancienne collaboratrice parlementaire, Olivia Richard, au Sénat.
Pour atteindre cet objectif il a fait alliance avec Olivier Cadic. Celui-ci a bénéficié des voix des grands électeurs qui étaient fidèles à l´ancien sénateur. En contrepartie il a offert à Olivia Richard un emploi de collaboratrice parlementaire et s´est engagé à soutenir sa candidature au Sénat (alors qu´elle ne vit pas à l´étranger et n´a jamais été élue).

L´enjeu de l´union LR-UDI

Je connais Robert Del Picchia depuis plus de 20 ans et lui reconnais un talent indéniable dans les manœuvres florentines. Je vous livre mon interprétation de ce qui vient de se passer :

Il me semble inconcevable que les indépendants aient pu décider de quitter IDP sans l´approbation d´Olivia Richard, d´Olivier Cadic et de Del Picchia. Ce qui pourrait passer pour une erreur grossière est à mon avis la conséquence de manigances bien réfléchies :
On peut imaginer qu’en organisant le départ des “indépendants” d´IDP sous un prétexte fallacieux, ce triumvirat souhaite démarquer ses troupes du centre. Je pense que toute l´opération vise à organiser un rapprochement d´Olivier Cadic et d´Olivia Richard avec Les Républicains et de préparer une liste sénatoriale LR-UDI.
Olivia Richard pourrait ainsi faire liste commune avec Ronan Le Gleut qui vient juste d´être confirmé à la tête de la liste LR. Del Picchia pourrait utiliser Gérard Larcher pour essayer d´imposer une telle union. Olivier Cadic, de son côté pourrait espérer l´investiture LR dans 3 ans puisqu´il n´y aura pas d´autres sortants.

Ce scénario me parait être d´une logique implacable et digne des calculs politiques dont Robert Del Picchia est coutumier.

La constitutionalisation de l´IVG

Je me suis par ailleurs interrogé sur un autre point : pour quelle raison Olivier Cadic a-t-il voté contre l´amendement porté par Philippe Bas en faveur de la constitutionalisation de l´IVG quelques mois après avoir voté pour ?

A mon avis, 2 raisons :

Pour se rapprocher de la frange la plus à droite de LR
Philippe Bas, auteur de l´amendement à la loi de constitutionalisation de l´IVG et éternel dauphin de Gérard Larcher, n´en peut plus d´attendre la succession à la présidence du Sénat et constitue une menace pour ce dernier. En votant contre cette loi, on peut imaginer qu’Olivier Cadic a confirmé son allégeance à Gérard Larcher qui est proche de Robert Del Picchia. Il pourrait ainsi espérer pouvoir en être récompensé lors des investitures à venir.

Ne maîtrisant pas les réactions qui ont suivi ce vote malheureux, il n´avait pas d´autre choix que de revenir sur son vote dès le lendemain. Ce changement de vote a été possible parce qu´il avait donné une instruction de vote mais n´était pas présent dans l´hémicycle.

Et la suite ?

Je compte plusieurs amis parmi les 12 conseillers qui ont quitté IDP et regrette bien entendu cette division. J´espère qu´ils réaliseront vite qu´ils ont été les instruments de luttes de cour, qu´ils reviendront à la raison et que nous pourrons travailler à nouveau ensemble au sein de l´AFE au service des Français de l´étranger.

Je me réjouis de revoir la plupart d´entre vous lors de la session AFE de mars.

Amicalement,

Olivier Bertin”

Voir l’article : Un nouveau groupe d’indépendants à l’AFE – LesFrancais.press

A l’Assemblée des Français de l’étranger (AFE), les groupes politiques se font et défont au gré des alliances idéologiques ou personnelles. Alors qu’un intergroupe, « IDP », regroupant les élus issus du parti présidentiel, Renaissance, et les indépendants, avait été créé en 2021 pour permettre d’élire Hélène Degryse à la présidence de cette instance regroupant les représentants des élus locaux des Français de l’étranger, il a volé en éclat ce vendredi 03 février avec en perspective les élections sénatoriales de l’automne 2023.

Une alliance de circonstance

Tout a commencé en 2021, à la suite des élections consulaires et de celles des conseillers AFE, aucune majorité claire ne se dégageait. Les forces de gauche représentaient le bloc le plus important. Comme dans toute assemblée représentative, les manoeuvres ont commencé pour faire émerger une majorité composée des élus Renaissance et de ceux de droite (URCI). Problème, pour équilibrer les forces, les hommes et les femmes du Président de la République avaient besoin de renfort.

Pour cela, ils sont allés chercher les candidats élus sur des listes dites indépendantes, mais en réalité, souvent portées par les réseaux d’Olivier Cadic, le sénateur, issu de l’UDI (donc de centre-droit). Preuve du caractère indispensable de cet apport de voix, c’est Hélène Degryse qui hérite de la Présidence de l’AFE.

Ambitions et désamour

Mais ce vendredi 03 février, la grande majorité des soutiens au sénateur Cadic ont décidé de reprendre leur indépendance en créant un nouveau groupe dit des « indépendants ». S’ils ne remettent pas en cause l’année précédente, ils expriment le désir de retrouver une liberté de ton et d’opinion.

« Ce choix nous permet de poursuivre nos travaux au sein d’un groupe à part entière, Les Indépendants, fidèle à nos valeurs de liberté, de pragmatisme, et de respect du pluralisme des opinions. » Communiqué de presse des 12 élus concernés

Mais derrière ce noble sentiment, se cache un différend sur le ou la candidate à soutenir lors des élections sénatoriales à venir après la pause estivale.

Changement de ligne politique ?

En effet, Hélène Degryse prépare une candidature, ses appels du pied à de nombreux potentiels colistiers étant fortement remarqués dans le microcosme de l’AFE.

A travers un courrier émis ce week-end par un de ses proches, le conseiller des Français de Londres, Olivier Bertin, elle évoque son opposition à des prises de position d’Olivier Cadic. Elle lui reproche d’avoir soutenu la présence de Patrick Poivre d’Arvor au jury du Grand prix du rayonnement des Français à l’étranger de la sénatrice Joëlle Garriaud-Maylam et ses positions relatives aux droits humains au Qatar. Deux problèmes : en premier le célèbre présentateur, accusé d’avoir eu des attitudes déplacées avec ses collaboratrices, n’était pas membre du jury comme l’a précisé de nombreuses fois la sénatrice organisatrice, puis Olivier Cadic, s’il préside le groupe d’amitié avec les Pays du Golfe, n’a évidemment pas soutenu les dérapages liés aux chantiers du « Mondial 2022 », comme il l’a indiqué dans une conférence de presse en novembre 2022.

Olivier Cadic au Sénat ©Olivier Cadic

Pour Hélène Degryse et Olivier Bertin, Olivier Cadic tente de rallier les LR à son combat pour constituer une liste unique avec Ronan Le Gleut, qu’Olivier Bertin voit déjà tête de liste pour la formation de droite, ce que ce dernier dément.

« Permettez-moi tout d’abord une touche d’humour en le remerciant de me considérer comme la tête de liste naturelle de la droite aux prochaines sénatoriales ! Pour parler plus sérieusement, la commission d’investiture des LR ne se réunira que plus tard. Selon moi l’heure de la campagne n’est pas encore venue. Pour ma part, je reste pleinement au travail dans l’exercice de mon mandat, avec de gros dossiers en cours pour faire avancer les droits des Français de l’étranger. Telle est ma seule priorité pour l’instant. » Ronan Le Gleut, sénateur des Français de l’étranger et président de la fédération des Français de l’étranger du parti « Les Républicains »

Un nouveau groupe, pour quoi faire ?

Ainsi les 12 élus qui constituaient le sous-groupe des « indépendants » au sein de l’ « IDP » ont donc décidé de reprendre leur liberté. C’est clairement un signe de défiance de ces derniers vis à vis d’Hélène Degryse.

Mais est-ce juste la création d’un outil au service des ambitions sénatoriales des uns ou des autres ou est-ce un nouvel espace de vie démocratique pour les Français de l’étranger ? C’est une question que nous poserons à la nouvelle présidente de ce groupe, Nadia Chaaya, dans un prochain podcast.

Car si la présidente de l’AFE décrit le rôle des Conseillers comme celui de lanceurs d’alerte, une fonction plutôt attribuée aux acteurs de la société civile, les attentes de nos compatriotes résidant hors de France sont bien plus importantes. En effet, les citoyens attendent de leurs élus d’agir et de concrétiser des actions pour les Français de l’étranger.

Si le seul pouvoir de l’Assemblée des Français de l’étranger est celui d’alerter les parlementaires ou le gouvernement, le riche tissu des associations et les élus locaux dans les consulats sont largement suffisants. Avons-nous besoin d’un autre échelon qui ne ferait que compiler les problèmes comme la présidente, Hélène Degryse, semble le penser, ou qui aiguiserait les ambitions personnelles comme ces bisbilles internes le font deviner ?

Similar Posts

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *