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Vendée : un couple songe à quitter la France après avoir été victime de « squatteurs professionnels »

Les Français de l’étranger ne sont pas tous des bobos expats ayant trouvé une bonne opportunité professionnelle.

Beaucoup quittent aussi la France un peu à contrecœur, à cause de l’insécurité et du laxisme judiciaire.

Vendée : un couple songe à quitter la France après avoir été victime de «squatteurs professionnels» (lefigaro.fr)

Se disant «écœuré» par la justice française après des mois de loyers impayés, de nombreux dégâts à réparer et une altercation physique, le couple va mettre en vente son restaurant cet été.

La décision n’est pas encore définitive. Elle infuse un peu plus chaque jour qui passe. «Avec mon mari, on se questionne beaucoup sur le fait de vendre tous nos biens et de changer de pays», tranche Audrey Oberweis. Cette Lorraine d’origine, installée en Vendée en 2015, ne décolère pas. Dans son viseur : ses anciens locataires qu’elle qualifie de «squatteurs professionnels», la lenteur de la justice et des lois qu’elle juge trop protectrices avec «les escrocs». Un constat cinglant qui fait suite au «cauchemar» vécu par cette quadragénaire et qui a marqué son moral et son physique.

Dans son histoire, outre une perte financière, il est aussi question de violences. Pour bien la comprendre, il faut remonter quelques années en arrière. En 2019, avec son mari, ils acquièrent un restaurant. Afin de rembourser son prêt et se garantir une rentrée d’argent fixe, le couple met en location sa maison acquise en 2015 et déménage au-dessus du restaurant dans des conditions plus spartiates. «Nous avons loué à des personnes qui nous avaient été recommandées. Leur dossier était bon. D’ailleurs, au début, ils payaient rubis sur l’ongle», retrace-t-elle.

Huit jours d’ITT

La situation va se tendre radicalement en août 2021. Huit mois plus tôt, le couple avait averti leurs locataires, via une lettre remise en mains propres, de son souhait de revendre ce bien meublé. Le délai légal en la matière était donc bien respecté voire dépassé. Arguant de difficultés à trouver un autre logement, les locataires changent de ton. Ils affirment ne pas vouloir quitter les lieux sans décision de justice. «Le monsieur s’est énervé, s’est mis à nous injurier puis il m’a mis un coup de poing», décrit Audrey dont les blessures ont été évaluées à huit jours d’incapacité temporaire totale (ITT) et pour lesquelles elle attend toujours réparations.

Face à cet accès de violence, Audrey et son compagnon changent aussi leur façon d’aborder le dossier. Finis les délais accordés et la compréhension, place à la voie juridique. Dès le lendemain, ils prennent contact avec un avocat : «C’est allé de procédure en procédure, de l’occupation sans droit ni titre, au commandement de quitter les lieux.» En attendant, leurs locataires ne versent plus un centime de loyer. Ce ne sera qu’en octobre 2022 que la voie judiciaire va arriver à son terme. Une conclusion… qui ne va rien faire changer. «Nos locataires ne voulaient toujours pas partir malgré les amendes encourues car ils ne trouvaient pas de logement et demandaient l’aide d’une assistante sociale. Le temps d’obtenir une éventuelle intervention des forces de l’ordre, cela aurait été la trêve hivernale», explique Audrey. Un timing inconcevable pour le couple contraint de licencier une employée de son restaurant face au manque de rentrée d’argent. Il refuse que la situation s’enlise et s’éternise encore plusieurs mois, quitte à enfreindre la loi par «peur de tout perdre».

Des rongeurs étaient en train de manger des restes dans des assiettesAudrey Oberweis

70 heures de nettoyage dans la cuisine

L’idée d’investir leur maison avec des amis est évoquée. Avant cette solution radicale, le couple organise une manifestation devant la préfecture de Vendée le 17 octobre dernier. «Huit jours plus tard, nos locataires étaient dehors», relate Audrey qui y voit une relation de cause à effet. Malgré cette expulsion, avec son mari, ils doivent attendre deux mois pour récupérer leur bien, comme le prévoit la loi. Cela a été le cas le 28 décembre dernier. Une sorte de cadeau de Noël après l’heure qui ne va pas les réjouir longtemps. «On a commencé par nettoyer l’extérieur. On s’est alors aperçu à travers une fenêtre qu’à l’intérieur des rongeurs étaient en train de manger des restes dans des assiettes», se remémore-t-elle.

Une fois la porte d’entrée franchie, le constat est peu ragoûtant. Les chats des locataires ont laissé des traces de leur passage. Urine, excréments, vomi, traces de griffure : tout y est. «Je ne sais pas comment on peut vivre dans un environnement pareil», se désole Audrey qui a comptabilisé «70 heures de nettoyage» rien que dans la cuisine. Dans les autres pièces, la situation n’est guère plus reluisante : «Même après le ménage, l’odeur est toujours présente.»

Dans ce désordre, le couple retrouve des papiers administratifs qui vont les renseigner sur le profil de leurs locataires. «Nous avons découvert qu’ils avaient déjà connu trois expulsions. Ce sont des squatteurs professionnels. Depuis 2009, ils étaient irréguliers dans le paiement de leurs loyers que ce soit avec un bailleur social ou privé. Ils accumulaient les dettes, faisaient un dossier de surendettement puis recommençaient la même chose», déplore avec amertume Audrey.

Environ 15.000 € de travaux

Face à ce capharnaüm, le couple est obligé de recourir à d’importants travaux. «Nous avons arraché les tapisseries et le parquet flottant abîmés et imprégnés de l’odeur d’urine. Il y avait aussi un trou dans un mur», énumère-t-elle. Au total, le budget est évalué à 15.000 €. Une somme à laquelle il faut ajouter le nettoyage effectué par une société (3000 €). Sans compter les 7000 € de mobilier jetés à la déchetterie tant ils étaient irrécupérables. Déterminé à tourner la page, le couple espère finir les travaux à la fin du mois pour mettre en vente la maison en mars. En parallèle, il se prépare aussi à vendre son restaurant cet été.

«Ce n’était pas à l’ordre du jour avant cette histoire qui nous a dégoûtés, précise celle dont la santé a aussi été affectée par cette affaire. Nous sommes écœurés de la justice française vu les délais impartis entre chaque procédure. Il faut que la loi évolue et arrête de protéger les escrocs.» Si Audrey et son mari réfléchissent à une potentielle expatriation, une chose est sûre : plus jamais ils ne mettront en location un bien.

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