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Un jour historique. Lucie Randoin offre un creuset d’opportunités entre terres de Bourgogne et Nouveau Monde en Afrique du sud

Un jour historique, « Día histórico » : était le titre d’un article du 10 janvier 2003 consacré à Lucie Randoin dans les colonnes de La Nación, principal quotidien du Costa Rica. Considéré comme un journal de qualité, conservateur mais moderne, il remporte toujours aujourd’hui un large succès. Vingt ans plus tard, la région Bourgogne Franche-Comté est désormais dotée d’une rue Lucie Randoin dans la ville natale de la biologiste, Boeurs-en-Othe. Creuset costaricain il y a vingt ans, creuset républicain depuis la cérémonie du 23 septembre 2023, et creuset sud-africain ? Pour demain, Lucie Randoin représente un creuset d’opportunités.

En s’intéressant au «décollage catalyseur» des travaux de Lucie Randoin entre arrière-pays nourricier et nouvelles terres de science, il est loisible de se poser la question de l’origine étymologique de Boeurs-en-Othe, son village natal. Boer en néerlandais veut dire « paysan ». Aussi, les Boers en Afrique du sud ou en Argentine étaient des agriculteurs pionniers venant des Pays-Bas mais aussi de France.

La racine germanique bur – même prononciation que le hollandais Boer (la guerre des Boers est d’ailleurs Burenkrieg en allemand) – a donné les mots buron et buronnier en français, désignant un habitat rustique en montagne lors des alpages d’été et le responsable de ces activités pastorales estivales.

Au XIIe siècle Boeurs était une grange de l’abbaye cistercienne de Pontigny qui défricha la forêt pour ses besoins et exploitait des terres ferrugineuses dans le voisinage, notamment sur la commune actuelle de Chailley, qui était une autre de ses granges.

« Notre réussite est visible à travers la richesse de notre patrimoine, nos étonnantes découvertes, notre créativité et notre esprit d’innovation. Notre pays, unique en son genre, est la preuve que l’excellence est source d’opportunités. » Telle était le plaidoyer du pavillon Afrique du sud à l’occasion de la dernière Exposition universelle qui s’est déroulée à Dubaï (aux Emirats-arabes-unis).

L’Afrique du Sud est un partenaire scientifique de poids pour la France et pour l’Union européenne. En termes de co-publications, l’Afrique du Sud cumule à elle seule 30% des co-publications du continent africain. La France est le 5ème partenaire de l’Afrique du Sud avec 5433 publications co-signées sur 2016-2020, après les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Australie. Selon des diplomates, « Les co-publications franco-sud-africaines augmentent en moyenne de 16% par an depuis 2008. »

Afin de renforcer les liens scientifiques entre la France et l’Afrique du Sud, l’Ambassade de France en Afrique du Sud a mis en place des actions ciblées permettant le développement des échanges scientifique et technologiques entre les deux pays, comme le Partenariat Hubert Curien (PHC) PROTEA, des bourses et des thématiques de collaboration très ambitieuses sur les océans, les énergies et l’agriculture.

Sur cette dernière thématique l’Institut franco-sud-africain de l’agriculture (F’SAGRI), créé en 2015, prévoit le renforcement des capacités de trois universités sud-africaines (les universités de Limpopo, Venda et Fort Hare) et d’instituts de recherche dans les secteurs agricoles et alimentaires. Il prévoit également le développement d’entreprises innovantes et plus généralement un lien étroit avec les entreprises du secteur agricole et agroalimentaire.

Un prix de l’innovation F’SAGRI est organisé tous les ans depuis 2019. Le prix de l’innovation est destiné aux jeunes étudiants et jeunes chercheurs de toutes les universités technologiques d’Afrique du Sud, ou aux nouvelles entreprises émergentes. Les entreprises lauréates s’engagent ensuite dans un partenariat avec les universités partenaires du F’SAGRI, en accueillant des stagiaires, en proposant des cas d’étude ou en participant à des ateliers.

L’inauguration de la première promotion Lucie Randoin s’est déroulée le jeudi 21 septembre 2023, dans les locaux de l’université de Bourgogne à Auxerre, lors de l’installation de la première année de médecine initiée par le Département de l’Yonne grâce au portage politique de son vice-président en charge de la santé, Gilles Pirman.

Ce dernier a donné son accord pour aider, via le Département, à l’organisation d’un rendez-vous scientifique à Paris en 2024 ou 2025. C’est l’occasion de commencer à réfléchir à l’émergence d’un campus Lucie Randoin, carrefour de l’espace fluide du monde à l’espace solide des territoires, un paradigme exploré par l’ingénieur chimiste Eugène Schueller, fondateur du groupe L’Oréal avec « Sorbonne-Plage ».

La crise sanitaire a souligné un vrai besoin car la recherche pharmaceutique est aujourd’hui l’activité économique et industrielle la plus liée à la recherche fondamentale. Aucun autre secteur n’a autant besoin d’un lien fort et direct entre les entreprises et les laboratoires des universités.

A ce titre, il faut aussi encourager l’esprit d’entreprise en université, en y intégrant le prisme de l’entrepreneuriat au féminin. C’est le sens du Prix international L’OréalUNESCO Pour les Femmes et la Science qui est remis chaque année à cinq femmes scientifiques émérites. Et l’ambition qui pourrait guider un campus Lucie Randoin ouvert sur les opportunités du monde de demain.

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