Souvenirs de l’industrialisation du textile et du métier circulaire depuis la rue des Vieux Greniers
C’est au milieu des années 1930 que l’on passa du fil à la chaussette lorsque la maison Jeanneau et Cie lança la fabrication de bas et chaussettes sur métiers rectilignes à main avec des ouvrières en atelier ou à domicile.
La fabrication était dispersée hors de Cholet: à Coron, un atelier de 35 ouvrières dirigé par M. et Mme France Lahaye ; à La Tourlandry, quelques personnes à domicile dirigées par Mme Cassin; à Saint- Georges-des-Gardes, une autre unité composée de quelques religieuses de la Communauté de Notre-Dame-des-Gardes et, à Yzernay, Mme Body.
L’organisation était ainsi établie : chaque semaine, la matière première, la laine, était portée aux différents lieux de fabrication et la semaine suivante les produits finis étaient rapportés. Il s’agissait de bas en laine noire pour les femmes, chaussettes en laine écrue ou beige pour hommes et enfants, à livrer à des petits magasins ou vendeurs sur les marchés.
Pierre, frère d’Augustin Jeanneau (1902-1992), atteint dès sa jeunesse de la tuberculose, dut être hospitalisé de longs mois à Châteaubriant où un grand spécialiste pneumologue le soigna.
Après sa longue convalescence, Augustin lui proposa de venir dans l’entreprise pour s’occuper des ateliers de Coron, de Vezins et des Gardes. Il accepta et, chaque semaine, il s’y rendait avec la Peugeot 202 noire de l’entreprise (modèle des années 1946).
Vint alors dans les années 49/50 la nécessité, face à la modernisation, de s’équiper de matériel nouveau. Les concurrents lignes avaient déjà investi dans des métiers modernes et performants.
Avec ces métiers, la chaussette était tricotée automatiquement et rapidement, bord élastique, tige, talon d’une seule pièce. Ne restait plus qu’à refermer la pointe par une couture. Cette dernière opération était faite par une machine à coudre appelée remailleuse, qui nécessitait du personnel formé et avec de bons yeux pour enfiler chaque maille dans un poinçon. Il fallait ensuite mettre la chaussette sur une forme électrique (genre fer à repasser) pour donner à l’article son aspect définitif.
Pierre Jeanneau proposa à son frère d’investir dans ce matériel nouveau et performant. Après consultation auprès du directeur de l’École Française de Bonneterie de Troyes par Augustin, le choix se porta sur du matériel anglais.
Grâce à une bonne trésorerie et à l’aide de la Banque Populaire Anjou-Vendée, l’achat de deux métiers de marque « Komet » fut engagé. Quelle révolution dans les années 1951- 1952 de voir du matériel de bonneterie (chaussettes) arriver dans l’impasse de la rue des Vieux Greniers (près de la tour)! Ainsi sonna d’une façon progressive la fin des ateliers extérieurs dans les communes citées précédemment.