Qui étaient ces rebelles appelés les « Jacobites » ?
Les Jacobites étaient des partisans de la dynastie Stuart, tombée à la fin du XVIIe siècle, et tentèrent de reprendre le pouvoir en Grande-Bretagne au XVIIIe siècle.
« Jacobite » dérive de « Jacobus » en latin, c’est-à-dire « James » en anglais ou « Jacques » en français, Jacques II ayant été officiellement le dernier roi Stuart à régner sur le royaume d’Angleterre. C’est donc lors de la « Glorieuse Révolution » que Guillaume d’Orange accéda au pouvoir en Angleterre en 1688, tandis que le roi Jacques II s’exila. Il est intéressant de noter que Guillaume d’Orange devint roi d’Écosse et d’Irlande sans en faire explicitement la revendication. Les partisans jacobites qui croyaient encore à la légitimité des Stuarts étaient alors principalement concentrés en Écosse, en Irlande et en Angleterre. Nombre d’entre eux n’eurent d’autre choix que de fuir en exil vers l’Europe continentale après les défaites militaires des armées jacobites contre Guillaume d’Orange en 1688 et 1689, puis contre la dynastie des Hanovres en 1715, 1719, puis 1746, date à laquelle prit fin la dernière rébellion jacobite.
De nombreux jacobites irlandais, contraints à l’exil suite au traité de Limerick de 1691 après la défaite de la Boyne (1690), trouvèrent refuge dans de nombreux ports d’Europe continentale, de l’Espagne aux Pays-Bas, et notamment en Bretagne, compte tenu de sa proximité géographique avec l’Irlande. Les exilés irlandais s’établirent et prospérèrent grâce aux raids et au commerce marchand. Ces colons d’origine irlandaise, forts de leur succès comme corsaires, marchands et armateurs, espéraient retourner sur leurs terres ancestrales. Forts de leurs richesses accumulées, ils purent s’organiser derrière le prince Charles Stuart pour soutenir sa quête du trône d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande en 1745 et 1746, en ravitaillant les navires depuis les ports bretons de Nantes, Brest et Saint-Malo.
On dispose désormais de suffisamment d’informations pour dresser une liste d’une dizaine de sites historiques bretons liés à la rébellion de 1745. Les visiteurs d’outre-Manche pourront découvrir et apprécier ces sites, sachant qu’ils complètent le contexte historique de la rébellion jacobite de 1745, qui se déroula principalement en Écosse et transforma radicalement l’histoire de cette nation. Les sites bretons liés à la révolte jacobite de 1745 évoquent principalement l’aspect maritime de la révolte, un aspect moins connu de la rébellion jacobite de 1745. Ces sites rappellent le rôle essentiel des Jacobites d’origine irlandaise établis le long des côtes ouest et nord du royaume de France. Forts de leur richesse acquise grâce au commerce maritime et aux plantations de canne à sucre de Saint-Domingue, ces Bretons d’origine irlandaise formèrent un puissant réseau secret de soutien à la cause jacobite.
En 1690, le capitaine corsaire Philip Walsh, marin d’origine irlandaise et partisan jacobite installé à Saint-Malo, sauva les rois Jacques II d’Angleterre et Jacques VII d’Écosse en les ramenant sur son navire de Kinsale, en Irlande, vers le royaume de France. Un demi-siècle plus tard, l’un des fils cadets de Philippe, Antoine Walsh, était déjà un fervent partisan jacobite lorsqu’il rencontra le prince Charles Édouard Stuart au début du printemps 1745. Il offrit immédiatement son soutien au prince dans sa quête de reconquête du trône d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande au nom de son père, Jacques III, surnommé le « Vieux Prétendant ». Jacques III avait grandi au château de Saint-Germain-en-Laye, à l’ouest de Paris, avant de s’installer à Rome avec sa famille. En juin 1745, Antoine Walsh mit à la disposition du prince Charles Édouard Stuart l’un de ses navires, le Du Teillay, autrement connu sous le nom de La Doutelle, pour se rendre en Écosse dans le plus grand secret. Soucieux de la sécurité du prince, il l’accompagna en Écosse en juillet 1745. Après avoir escorté le jeune prince et fort du succès de sa mission, Antoine Walsh fut chargé par Jean-Frédéric Phélypeaux, comte de Maurepas et secrétaire de la Marine française, de rassembler les navires nécessaires à une invasion navale de la Grande-Bretagne en novembre 1745. Plus tard, il organisa l’approvisionnement en or, poudre, mousquets et munitions, et arma deux grandes frégates nantaises, Le Mars et La Bellone, pour une mission en Écosse en février 1746, cette fois avec le soutien financier du roi Louis XV. De nouveaux éléments suggèrent que l’un des lieutenants d’Antoine Walsh, Antoine Talbot, né à Nantes et âgé de vingt-huit ans en 1746, était le même officier qui prit le commandement du « Prince Charles », un petit trois-mâts qui quitta Dunkerque pour l’Écosse le 20 février 1746. Le capitaine Talbot était chargé du transport d’or, d’armes et de munitions pour les armées jacobites en mars 1746, trois semaines avant la défaite de Culloden. Le navire parvint à atteindre le Kyle of Tongue, à l’extrême nord de l’Écosse, et à décharger l’or destiné à l’armée jacobite alors qu’il était poursuivi par un navire de la Royal Navy, le HMS Sheerness. Malgré les efforts courageux mais désespérés du capitaine Talbot pour accomplir sa mission, le navire et son équipage furent capturés par les forces gouvernementales du roi George II.