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Pourquoi la réouverture des frontières la Chine risque de pénaliser Air France ?

Les sanctions infligées par l’Union européenne à la Russie pénalisent Air France et bénéficient aux compagnies aériennes chinoises qui ont un avantage : le survol possible de la Russie et notamment de la Sibérie.

Pourquoi la réouverture des frontières de la Chine risque de pénaliser Air France? (bfmtv.com)

Avec la réouverture de la Chine au monde, les compagnies aériennes du pays peuvent passer au-dessus de la Russie pour rejoindre l’Europe. Ce qui n’est pas le cas des compagnies européennes qui mettent donc plus de temps pour rejoindre l’Asie.

La réouverture de la Chine, suite à la fin de la politique zéro-covid, est la “dernière pièce dans le puzzle” de la reprise du trafic aérien mondial, estiment les experts. Les chinois peuvent en effet voyager à nouveau, vers l’Amérique ou encore l’Europe, chose quasi-impossible pendant quasiment trois ans.

C’est une bonne nouvelle pour le tourisme mondial, notamment français, mais pas forcément pour les compagnies aériennes européennes comme Air France-KLM.

En effet, les compagnies aériennes chinoises bénéficient d’un avantage de taille par rapport à leurs concurrentes: le survol possible de la Russie et notamment de la Sibérie. Car dans le cadre des sanctions infligées par l’Union européenne à la Russie suite à l’invasion de l’Ukraine, les compagnies européennes ont interdiction de survoler le territoire russe.

Jusqu’à 3 heures de plus pour rejoindre Séoul depuis Paris

Pour ces dernières, les temps de trajet vers la Chine, le Japon ou la Corée du Sud depuis l’Europe ainsi que les vols retour sont donc bien plus longs et donc plus coûteux en kérosène car elles doivent contourner le pays. Pour un vol vers Séoul, le temps de trajet depuis Paris peut ainsi prendre jusqu’à 3 heures de plus.

Une situation qui irrite la compagnie aérienne franco-néerlandaise au moment où elle fait remonter en cadence ses liaisons vers l’Empire du milieu avec l’objectif de revenir à au moins 50% de sa capacité de vol de 2019 en Chine.

Deux vols Paris-Shangai, l'un opéré par China Airlines, l'autre par Air France
Deux vols Paris-Shangai, l’un opéré par China Airlines, l’autre par Air France © Captures Flightradar24

Pour les voyageurs, les compagnies chinoises sont donc les plus rapides et potentiellement les moins onéreuses pour rejoindre Pékin depuis Paris par exemple.

Interrogé par BFM Business, un porte-parole d’Air France confirme: “nous suivons avec attention le sujet des distorsions de concurrences induites par le survol de la Russie par certaines compagnies extra-européennes. Comme toujours nous souhaitons que la concurrence soit juste et équitable”.

“Un avantage injuste” pour le patron d’Air France-KLM

Dans une interview au Financial Times à l’occasion de la présentation des résultats annuels, Ben Smith, PDG de la compagnie prévient: les opérateurs européens “auront du mal à rivaliser avec leurs rivaux chinois alors que les voyages rebondissent après les fermetures de Covid-19”. Et de dénoncer “un avantage injuste” des compagnies chinoises.

“Les compagnies aériennes veulent tirer profit d’un retour attendu des touristes chinois dans les mois à venir, y compris vers des destinations de shopping populaires telles que Paris” poursuit le dirigeant.

Un constat confirmé par la FNAM, la Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers. “La situation ainsi créée conduit en effet à une concurrence faussée en raison de la différence notable des temps de vol pour les compagnies chinoises et françaises” explique-t-elle à BFM Business.

Quelles marges de manœuvre?

Cette distorsion est encore plus palpable pour les compagnies aériennes de l’Europe du Nord qui sont les plus pénalisées par l’interdiction du survol russe. “Nous pensons qu’il sera très difficile de rendre les villes secondaires de Chine rentables en termes de vol” a ainsi déclaré Topi Manner, le directeur général de Finnair (la compagnie nationale finlandaise).

Malgré le constat, les marges de manœuvre pour rétablir l’équilibre semblent limitées.

“Ce sujet est actuellement discuté avec nos partenaires et avec les autorités compétentes” avance le porte-parole d’Air France sans donner plus de détails, mais “la reprise du survol de la Russie par nos compagnies n’est pas à l’ordre du jour” prévient-il.

Du côté de la FNAM, on estime que “ce type de situations peut se traiter dans le cadre des accords aériens bilatéraux définissant les conditions d’opération des compagnies aériennes entre les pays et garantissant normalement des conditions équitables de concurrence aux compagnies aériennes des pays concernés. Il appartient donc aux autorités françaises de traiter de ce sujet dans le cadre de l’accord aérien entre la France et la Chine”.

Olivier Chicheportiche, Journaliste BFM Business

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