Lucie Randoin, Eleanor Roosevelt et Catherine Vautrin entre le Grand Reims et Guichen
Pour reprendre les paroles célèbres d ‘Eleanor Roosevelt : « Où commencent les droits de l’homme universels, après tout ? Ils commencent près chez soi, dans des lieux si proches, si petits qu’on ne peut les voir sur aucune carte du monde […].
A l’occasion de la journée internationale des femmes (8 mars), la ministre de la santé, du travail et des solidarités a adressé un courrier d’une grande délicatesse par la voie de son chef de cabinet pour s’excuser de ne pas pouvoir se rendre à Guichen (Ille-et-Vilaine) dans la perspective d’une conférence d’hommage à Lucie Randoin, première femme biologiste à l’Académie de médecine. Tombés dans l’oubli, le discours nutritionnel et l’alimentation de demain étaient au cœur des travaux de cette scientifique qui a donné son nom à une rue guichenaise.
La journée internationale des droits des femmes célébrée le 8 mars de chaque année est inscrite à l’agenda des Nations Unies depuis 1945, année où Eleanor Roosevelt a adressé une « LETTRE OUVERTE AUX FEMMES DU MONDE ENTIER », les exhortant à s’impliquer davantage dans les affaires locales mais aussi internationales.
Construit par l’architecte Hippolyte Portevin, en tant qu’École pratique du commerce et de l’industrie, le lycée Franklin-Roosevelt de Reims où madame Catherine Vautrin fut une élue locale très investie est une institution à part entière où fut signée la capitulation de l’armée allemande le lundi 7 mai 1945. En mémoire du président des États-Unis Franklin Delano Roosevelt décédé le 12 avril précédant la signature, la devise de cet établissement éducatif reste pleinement d’actualité : « Notre histoire a beaucoup d’avenir ».
Réquisitionné par les forces alliées en août 1944, l’établissement se prêtait par sa localisation et sa configuration à héberger le QG du général Eisenhower. Le 19 novembre 2009, le Premier ministre François Fillon, accompagné par Luc Chatel et Valérie Pécresse, respectivement ministres de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur, se rendaient au lycée afin de promouvoir un projet sur l’égalité des chances.
Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme de l’autonomie alimentaire et l’économie circulaire avec l’héritage de Lucie Randoin
En écho au plaidoyer du couple Roosevelt, des ponts doivent continuer à se créer. La journée internationale des droits des femmes est justement l’occasion de souligner que l’expression créative des femmes peut modifier les comportements, et qu’une invention peut changer le cours de l’histoire.
Lucie Randoin fut une chercheuse reconnue et une experte très sollicitée dans le domaine de la nutrition humaine à un moment où celui-ci était encore peu développé mais où Lucie Randoin est intervenue juste avant et juste après-guerre, où la problématique de la nutrition fut englobée dans une problématique alimentaire globale et mondiale, et posée, en particulier lors de l’importante conférence de Hot Springs organisée en 1943 à l’initiative de Roosevelt, comme une question cruciale pour le bien-être de l’humanité et une condition de la paix dans le monde.
Aussi, la correspondance pleine d’attention adressée par le cabinet de la ministre de la santé, du travail et des solidarités est un encouragement à redonner vie à des résolutions novatrices, des discours remarquables, en passant par l’influence qu’ont exercé des femmes pour évaluer les lacunes existantes et engendrer des axes d’amélioration et de progrès pour demain.
Madame Catherine Vautrin a épousé Jean-Loup Pennaforte, médecin au CHU de Reims, interne des hôpitaux, chef de clinique, professeur des universités, chef des départements de médecine interne et d’hématologie à l’hôpital Robert-Debré aujourd’hui retraité issu lui-même d’une famille constituée de plusieurs générations de médecins et notables rémois. Il a eu comme professeur Jean-Claude Etienne, professeur de médecine à Reims, sénateur de la Marne et mentor politique de Catherine Vautrin.
En juin 2014, Catherine Vautrin a été élue présidente de l’Association des villes universitaires de France. Elle mesure donc plus que quiconque qu’avec la grande bascule de la pharmacie de la recherche chimique vers la biotechnologie, l’essentiel des nouveaux médicaments est issu en tout ou partie des travaux académiques, d’où le succès mondial de la région de Boston, sur la côte Est des Etats-Unis, épicentre d’Harvard et du MIT.
La crise sanitaire a souligné un vrai besoin car la recherche pharmaceutique est aujourd’hui l’activité économique et industrielle la plus liée à la recherche fondamentale. Aucun autre secteur n’a autant besoin d’un lien fort et direct entre les entreprises et les laboratoires des universités.
C’est pourquoi il faut aussi encourager l’esprit d’entreprise en université, en y intégrant le prisme de l’entrepreneuriat au féminin.