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Il s’est expatrié en Biélorussie : Rencontre avec Simon Vesperini

(English version below)

Qui es-tu, d’où viens-tu ?

Je m’appelle Simon Vesperini et je viens de France, plus précisément de Corse, où je suis né à Bastia dans les années 1980. Je suis entrepreneur depuis une quinzaine d’années. À l’origine, j’étais agent immobilier, puis directeur de ma propre agence immobilière. En 2020, j’ai opéré une transition complète vers des activités en ligne. J’avais commencé en parallèle de mon activité dans l’immobilier, dès 2016-2017, mais c’est véritablement en 2020, avec les événements que nous connaissons, que j’ai décidé de changer complètement de voie. Cela fait une vingtaine d’années que je suis expatrié, que je vis où je veux dans le monde. À partir de 2020, j’ai commencé à partager avec ma communauté les solutions que j’ai moi-même mises en place, pour leur permettre de quitter la France ou leur pays d’origine et de s’installer, simplement, là où ils le souhaitent.

Pourquoi avoir choisi la Biélorussie ?

C’est une question qu’on me pose souvent, et à laquelle il est difficile de répondre, car je n’ai pas vraiment choisi la Biélorussie consciemment : c’est arrivé ainsi. J’avais déjà vécu dans de nombreux pays. Comme je le disais, j’ai fait mes études en Finlande, puis tenté de vivre dans plusieurs pays d’Europe comme l’Espagne, l’Italie, la Hongrie ou encore l’Allemagne. Mais j’étais attiré par la Russie, proche de la Finlande. J’ai donc vécu en Russie, je m’y suis marié, et même après mon divorce, j’ai continué à vivre une partie du temps à Saint-Pétersbourg, partageant mon temps entre la Russie et la France. En 2020, lorsque les frontières russes se sont fermées, j’étais en France pour un voyage professionnel. Puis le Covid est arrivé. Les frontières françaises étaient fermées, et par la suite, ce sont les frontières russes qui sont restées closes, même quand celles de la France ont rouvert. Un ami m’a alors suggéré de venir à Minsk, en attendant que les frontières russes rouvrent. Je m’attendais à y retrouver une atmosphère proche de la Russie, mais ce ne fut pas le cas. D’abord un peu déçu, j’ai vite réalisé que je m’y sentais bien. Les gens à Minsk étaient plus aimables que ceux que j’avais rencontrés en Russie, la vie y était plus simple et moins stressante. Je me suis dit que je pouvais y rester quelques mois de plus… Et finalement, cela fait bientôt cinq ans que je passe une bonne partie de l’année au Bélarus, tout en partageant mon temps entre là-bas et l’Asie. J’y ai trouvé une qualité de vie et une ambiance quotidienne meilleures qu’en Russie.

Quelles sont tes activités et tes projets ?

Depuis 2020, j’ai déplacé toutes mes activités en ligne. Je voulais être libre d’habiter où je le souhaite, selon mes propres termes. J’ai compris que la mobilité serait désormais plus restreinte et qu’il ne serait plus aussi simple qu’avant de vivre en Russie tout en gardant une entreprise en France, ou inversement. Mon activité la plus visible aujourd’hui, c’est ma chaîne YouTube, qui porte mon nom : Simon Vesperini. J’y partage les solutions permettant de vivre dans le pays de son choix. Il y a aujourd’hui beaucoup de francophones en France, en Suisse, en Belgique… qui souhaitent partir, mais qui n’en ont pas les moyens. Ma chaîne est donc axée sur l’expatriation, mais surtout sur les moyens concrets d’y parvenir, en fonction de chaque situation. À côté de cela, j’ai d’autres sociétés en ligne : une dans l’e-commerce, une autre basée sur des abonnements autour de thématiques spécifiques. En parallèle, je viens de lancer un nouveau projet : une deuxième chaîne YouTube dédiée à mes investissements. J’y partage en toute transparence ce que j’achète, pourquoi, à quel prix, et dans quelle perspective. L’objectif est, là aussi, de permettre aux gens de s’émanciper financièrement et de vivre où ils le souhaitent. Cette nouvelle chaîne s’appelle “Fuck You Money”.
C’est un projet récent dont nous aurons sûrement l’occasion de reparler.

Est-ce que la France te manque ?

C’est une question à laquelle il faut répondre avec nuance. Je pense que, comme tous les expatriés, certaines choses me manquent en France : des proches, des amis, la famille. Il y a aussi cette facilité à nouer des liens avec des gens qui partagent le même bagage culturel. Donc oui, certaines choses me manquent. Mais vivre en France, non, cela ne me manque pas. Je peux y passer quelques jours ou quelques semaines — même si cela ne m’est pas arrivé depuis longtemps — mais je ne ressens pas le besoin d’y vivre à nouveau. L’ambiance en France me semble pesante : beaucoup de gens ont le sentiment qu’aujourd’hui est pire qu’hier, et que demain sera pire qu’aujourd’hui. Quand on est entrepreneur, ou simplement quelqu’un qui se projette dans l’avenir — pour soi-même ou pour ses enfants — c’est difficile à vivre. Aujourd’hui,
j’ai trouvé un équilibre : je passe une partie de l’année dans les pays slaves, où je me sens un peu chez moi, et une autre partie en Asie du Sud-Est, où j’ai été émerveillé par la douceur de vivre, la philosophie, la gentillesse des gens. J’ai aussi été touché par la Chine. Ce mode de vie, entre deux mondes, m’inspire et me permet d’être productif, de travailler et de transmettre un message.

As-tu des conseils pour ceux qui souhaiteraient s’expatrier en Russie ou en Biélorussie ?

Oui, bien sûr. Et pour être clair, je les diviserais en trois axes.
Le premier, c’est que les conseils pour la Russie ou le Bélarus sont, en réalité, valables pour toute expatriation. Il faut se donner les moyens pratiques de vivre ailleurs. Cela passe par la capacité à générer des revenus à distance — sauf si l’on est retraité. Cela peut venir de l’entrepreneuriat, du salariat à distance ou encore d’investissements. Trop de gens me contactent en me disant : « On a 700 euros par mois pour deux, peut-on vivre en Russie ? » La réponse est non — ou du moins, pas dans des conditions acceptables. Ce serait risqué.
Le deuxième, c’est de comprendre que la Russie et le Bélarus sont deux pays distincts. Beaucoup de Français les confondent, notamment parce qu’ils utilisent encore le nom “Biélorussie”, qui suggère une appartenance à la Russie. Mais ce sont deux nations différentes, comme la France et l’Italie : proches, avec une histoire commune, mais bel et bien distinctes.
Le troisième conseil, c’est d’apprendre à connaître ces pays réellement. Trop de gens idéalisent une Russie fantasmée, comme un eldorado face à une France qu’ils perçoivent comme décadente. Il faut se confronter à la réalité de ces pays : comprendre ce que c’est vraiment d’y vivre, aujourd’hui. Beaucoup ont une vision datant de vingt ou trente ans, or les choses ont changé — en France, certes, mais aussi en Russie et au Bélarus. Et souvent, dans un sens opposé : pendant qu’une partie de l’Europe décline, l’autre progresse.
Conclusion : Pour conclure, je veux remercier Marc pour son invitation. Je suis ravi d’avoir fait sa connaissance, et aussi de découvrir le CFI. C’est exactement ce que je cherchais, sans l’avoir clairement formulé : un espace pour rencontrer d’autres entrepreneurs français vivant à l’étranger. Être entrepreneur, c’est souvent mener une vie solitaire. Être expatrié, aussi. Combiner les deux rend les rencontres avec des personnes qui nous ressemblent assez rares. Grâce au CFI, j’ai l’espoir de créer de vraies connexions avec des gens qui partagent cette même dynamique. Merci à toi Marc, et merci à tous ceux qui auront lu cette interview.


Who are you and where are you from?

My name is Simon Vesperini, and I’m from France—more precisely, from Corsica, where I was born in Bastia in the 1980s. I’ve been an entrepreneur for about fifteen years.
I originally worked as a real estate agent, then became the director of my own real estate agency. In 2020, I made a complete transition to online activities. I had started online alongside my real estate business back in 2016–2017, but it was in 2020, during the events we all remember, that I decided to shift entirely. I’ve been an expatriate for about twenty years, living wherever I want in the world. Starting in 2020, I began sharing with my community the solutions I’ve implemented myself—solutions they could also use to leave France or their home country and live wherever they wish.

Why did you choose Belarus?

This is a question I get asked a lot, and it’s not easy to answer because I didn’t consciously choose Belarus—it just happened. I had already lived in many countries. As I mentioned
earlier, I studied in Finland, then tried living in several European countries such as Spain, Italy, Hungary, and Germany. But I was drawn to Russia, which was close to Finland. I lived in Russia, got married there, and even after my divorce, I continued spending part of my time in Saint Petersburg, dividing my time between Russia and France. In 2020, when Russia’s borders closed, I was in France for a work trip. Then COVID hit. The French borders were closed, and later, when France reopened, Russia’s borders remained shut. A friend suggested I go to Minsk while waiting for the Russian borders to reopen. I expected to find something similar to Russia there, but I
didn’t. At first, I was a bit disappointed. But I quickly realized I felt good there. People in Minsk were friendlier than those I had met in Russia, life was simpler and less stressful. So I thought: I can wait a little longer here. I’m fine.
I’m not suffering. And I waited… and waited… and now, it’s been almost five years that Belarus has been the country where I spend a large part of the year, even though I now also spend a lot of time in Asia. I found it to be a truly interesting alternative to Russia: better quality of life, simply a better everyday atmosphere.

What are your activities and projects?

Since 2020, I’ve moved all my business online. I wanted to be free to live wherever I want, on my own terms. I realized that mobility was becoming more limited, and it was no longer so easy to live in Russia while having a business in France—or vice versa. The activity I’m most known for
today is my YouTube channel, which bears my name: Simon Vesperini. I use it to share solutions that help people live wherever they want in the world. Many French speakers from France, Switzerland, Belgium, and elsewhere want to move abroad but lack the means to do so. My channel is about expatriation, but more importantly, about providing people with the actual means to make it happen based on their situation. Alongside this, I also run other
businesses online: one in e-commerce, another offering subscription-based content on specific topics. In parallel, I’ve recently launched a new project: a second YouTube channel where I share my investments—what I buy, why, at what price, and with what goals. The idea is, again, to help people gain financial independence so they can live wherever they want. This new channel is called “Fuck You Money,” and I’ll certainly have more to say about it in the future.

Do you miss France?

This question deserves a nuanced answer. Like all expatriates, there are some things I miss about France: loved ones, friends, family. Also, the ease of connecting with people who share the
same cultural background. So yes, there are things I miss. But do I miss living in France? No, I don’t. I’m happy to spend a few days or weeks there—though it hasn’t happened in a while—but I don’t feel the need to live there again. There’s a heavy atmosphere in France. Many people believe that today is worse than yesterday, and tomorrow will be worse than today. As an entrepreneur—or simply someone who looks to the future, perhaps for your children—it’s not a good feeling. Today, I’ve found balance: I spend part of the year in Slavic countries, where I feel somewhat at home, and the other part in Southeast Asia, where I’ve been amazed by the people’s way of life, their philosophy, and their kindness. I also spent time in China and was deeply moved by that country.
This lifestyle, between two worlds, inspires me and allows me to be productive, to work, and to share a message.

Do you have any advice for those who want to move to Russia or Belarus?

Yes, absolutely. And to make things clear, I’d divide my advice into three key points.

First: the advice for Russia or Belarus is actually the same as for moving anywhere. You need to give yourself the practical means to live abroad. This means being able to generate income remotely—unless you’re retired. That could be through entrepreneurship, remote employment, or investment income. Too many people message me saying: “My partner and I have 700 euros a month to live on. Can we live in Russia?” The answer is no—or at least, not in decent conditions. It’s risky.
Second: understand that Russia and Belarus are two different countries. Many French people confuse the two, especially because they still use the outdated term “Biélorussie,” which sounds like a part of Russia. But they are distinct nations, just like France and Italy. They may be close and share history, but they are not the same.
Third: take the time to truly get to know these countries. Too many people romanticize a dreamlike Russia where everything is perfect compared to a declining France. This is a dangerous illusion. You have to face the reality of what life is really like in these countries today. Many people’s perceptions are stuck twenty or thirty years in the past. But things have changed—yes, in France, but also in Russia and Belarus. And they’ve often changed in opposite directions: while some parts of Europe are declining, others are rising.
Conclusion: To wrap up, I want to sincerely thank Marc for the invitation. I’m delighted to have met him and to discover the CFI. It’s exactly what I was looking for—even if I hadn’t quite formulated it that way: a space to connect with other French entrepreneurs living abroad. Being an entrepreneur is often a solitary life. So is being an expatriate. Combine the two, and it becomes quite rare to meet people with whom you share real similarities.
Thanks to the CFI, I hope to build strong connections with people who share this same mindset. So thank you, Marc—and thank you to everyone who took the time to read this interview.

simonvesperini.com

Simon Vesperini – YouTube

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